Trump choisit de déclassifier les derniers documents sur la mort de JFK, voilà pourquoi ça en fait tant saliver
INTERNATIONAL - Promis, cette fois, c’est la bonne. Dès le soir de son investiture, Donald Trump indiquait sous les hourras qu’il allait « déclassifier » les documents de l’administration américaine, avant de joindre le geste à la parole ce jeudi 23 janvier. Ceux concernant la mort de Martin Luther King, du sénateur Robert Kennedy, mais aussi du président américain dont le meurtre fait l’objet des théories les plus folles : John Fitzgerald Kennedy, assassiné en public en 1963.
Assassinats de Kennedy et Luther King : Donald Trump signe un décret pour déclassifier les archives
Et si plus de 600 livres déjà écrits sur le sujet n’ont pas suffi à étancher la soif du public, aux États-Unis mais aussi dans le monde, c’est bien parce que tout n’a pas été révélé. Malgré une loi de 1995 obligeant à la déclassification des archives dans les 25 ans à suivre. Malgré l’ouverture au public de dizaines de milliers de documents de Joe Biden. Malgré, aussi, la promesse restée non tenue de Donald Trump en 2016 déjà.
Arrêté au dernier moment par la CIA
À l’époque de son premier mandat, le milliardaire avait en effet assuré qu’il s’occuperait de rendre disponible tous les documents manquants, ces milliers de feuillets qui pour des biographes avides comme des conspirationnistes aigus, sont un graal. Mais de quoi s’agit-il ?
Les « Kennedy assassination files » sont tous les documents créés ou obtenus par n’importe quelle administration ou organe de gouvernement américain utilisé dans le cadre de l’enquête fédérale sur la mort du président démocrate. Entretiens, discours, simple note internet… Au total tout de même 5 millions de pages enregistrées, puis scellées.
En 1992, le « JFK records act » forçait l’administration à identifier, puis relâcher l’ensemble du dossier au grand public dans un délai de 25 ans. Ce qui nous amène en 2017, où - quelle chance pour les fans de mystère - c’est justement Donald Trump qui est président. Et l’homme s’empresse d’expliquer qu’il va ouvrir les archives. Toutes les archives.
Subject to the receipt of further information, I will be allowing, as President, the long blocked and classified JFK FILES to be opened.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 21, 2017
Ce qu’il fait… presque. Cette année-là et la suivante, des dizaines de milliers de documents sont déclassifiés, mais au dernier moment le président décide d’en garder secrète une infime partie. Plus de 53 000 fichiers sont ainsi rendus disponibles sur les sites des archives nationales. Mais de l’aveu même de Trump, le FBI et la CIA l’ont convaincu d’en laisser un certain nombre dans l’ombre.
Il y aurait, dans ces fameux papiers interdits, « un danger potentiellement irréversible » pour la sécurité nationale, a reconnu le magnat. Ce fut également, presque au mot près, la justification de Joe Biden après qu’il a, à son tour, déclassifié en 2023 plusieurs milliers de documents, mais une fois encore, pas tous. Près de 5000 fichiers restent, tout ou en partie, censurés. Parfois, seuls les noms sont caviardés, d’autres fois c’est toute la feuille qui est inaccessible. Encore raté…
Le meilleur pour la fin
Mais que sont alors ces quelques feuillets (ou plutôt piles de feuillets) restants ? A priori, en termes de quantité, c’est bel et bien une goutte dans l’océan des « JFK papers ». Les archives nationales estiment ainsi qu’il en reste 1 % à dévoiler au public, sur l’ensemble du dossier. Forcément, les 1 % les plus explosifs. Logiquement, la moelle épinière d’un dossier qui, pour l’instant, n’a pas permis de confirmer le moindre complot.
Commençons par le plus croustillant, ce qui vient à l’appui de cette thèse : les archives qui s’apprêtent à débarquer dans le domaine public sont tout retenues par le FBI, la police fédérale américaine, ou par la CIA, donc les services secrets, et non par d’autres agences ou la Maison Blanche elle-même. Ce qui tendrait à prouver que les deux agences n’ont pas envie que leur rôle dans la mort de JFK soit totalement clarifié.
Parmi les documents issus des services secrets, il en est d’ailleurs que les connaisseurs attendent avec impatience : le dossier « George Joannides ». C’est le nom retrouvé, dans plusieurs documents partiellement caviardés, d’un agent de la CIA. Au cours d’une longue (et forcément trouble) carrière, il eut en 1963 la charge d’une opération de déstabilisation à Cuba. Jusqu’ici, rien de d’étonnant, les États-Unis cherchant à l’époque à renverser le nouveau maître du pays, Fidel Castro.
Mais si le mystérieux George Joannides intéresse tant, c’est pour une autre partie de son CV. D’après une ONG regroupant plusieurs spécialistes de l’affaire JFK, et plusieurs investigations indépendantes, les documents déjà disponibles montrent que quatre mois avant l’assassinat du président américain, Joannides rencontrait Lee Harvey Oswald, l’auteur du tir mortel.
Pour les sceptiques de l’histoire officielle, Joannides fut même le recruteur d’Oswald, manipulé ensuite pour commettre son crime… Et le silence de l’agence sur le rôle de son employé n’a guère aidé à dissiper cette théorie. Plusieurs fois, des appels publics à lever le voile sur les archives George Joannides ont d’ailleurs été lancés sans succès.
La signature de Donald Trump devrait donc lever le voile sur son implication réelle, donc de l’agence… Ou plus certainement encore, laisser encore un goût d’inachevé aux spécialistes.
Des archives qui font « pschitt » ?
L’un des premiers d’entre eux est le juge du Minnesota John R. Tunheim. Dans les années 90, il a joué un rôle central dans le classement des archives JFK avant qu’elles ne soient déclassifiées. L’homme de loi fait donc partie des rares personnages publics à avoir vu, sans restriction, les fameuses archives. Pourtant, dès 2017, il expliquait à Associated Press que les documents classifiés n’étaient simplement « pas pertinents », et que c’était là la raison pour laquelle ils restaient cachés au public.
Une douche froide sur l’intérêt des fameux 1 % , d’autant que bien des experts du sujet sont du même avis. C’est le cas de Gerald Posner, auteur d’un livre sur l’affaire, qui estime que tous ceux qui s’attendent à un « smoking gun » (une preuve irréfutable) sur une quelconque conspiration vont être déçus.
Selon eux et une large partie des connaisseurs, les papiers encore non révélés le sont parce qu’ils impliquent d’autres affaires. Des manipulations passées de la CIA sur lesquelles elle ne tient pas à revenir, des éléments permettant d’identifier des agents ou leur famille… Ou encore des parcelles d’informations qui ne donneront pas de réponse, mais ouvriront la porte à de nouvelles théories farfelues.
Et si le mystère était plutôt dans ce que ces archives ne diront pas ? Comme le faisait remarquer en 2023 une passionnante enquête du New York Magazine sur les archives JFK, les exemples sont nombreux où la CIA a détruit d’elle-même des documents compromettants, surtout ceux ayant trait à des assassinats célèbres.
Dans le cas de Joannides par exemple, il existe une forte présomption que des preuves essentielles de son activité à la CIA aient été détruites. La piste s’arrête donc net et dans ce cas, « tout » déclassifier n’y changera rien. Les documents restant ne sont alors plus la pièce manquante à la vérité, mais seulement à celle que l’on n’a pas pris le soin d’effacer.
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