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Trump accuse un logiciel de vote électronique de fraude, l'administration fédérale le contredit

Donald Trump - Saul Loeb
Donald Trump - Saul Loeb

Après dix jours de dénégation des résultats d'une présidentielle attribuée à son rival Joe Biden, Donald Trump a fini par avancer des chiffres plaidant dans le sens d'une fraude électorale massive commise à son détriment. Cette théorie a constitué la base de son message depuis le jour même de l'élection.

Le président a accusé ce jeudi Dominion Voting Systems, société de technologie spécialisée dans le vote électronique dont le logiciel a été utilisé dans une trentaine d'Etats à l'occasion de ce scrutin, d'avoir supprimé des votes de ses partisans voire de les avoir convertis en suffrages au bénéfice de son concurrent.

Problème: à ce stade, aucune preuve ne vient les étayer, et les autorités chargées du bon déroulement de l'élection ainsi que divers organismes privés liés à ce rendez-vous politique ont officiellement démenti ses dires.

Accusations capitales

Ce jeudi, sur Twitter, Donald Trump a ainsi écrit, en lettres capitales: "Dominion a supprimé 2,7 millions de votes Trump à l’échelle du pays. L’analyse des données dit que 221.000 votes Trump ont été changés en votes pour Biden en Pennsylvanie (où le démocrate l'a emporté avec un peu plus de 50.000 voix d'avance, NDLR). 941.000 Trump ont été supprimés. Des Etats utilisant le système de vote Dominion ont changé 435.000 votes pour Trump en votes pour Biden."

Les chiffres présentés sont tirés d'un sujet diffusé par la chaîne One America News Network, fondée en 2013 par un homme d'affaires californien et acquise à la cause du président des États-Unis.

Selon l'agence d'information Associated Press, One America News Network a tiré ces statistiques d'un commentaire anonyme publié sur un blog pro-Donald Trump. L'internaute en question avait assuré qu'elles étaient étayées par Edison Research, entreprise ayant produit des sondages de sortie des urnes. Dans un mail à AP, Larry Rosin, président de cette dernière, a cependant aussitôt réfuté: "Nous n'avons aucune preuve de fraude électorale".

La société Dominion Voting Systems, au cœur des soupçons de Donald Trump et ses soutiens, a également rejeté les allégations pesant sur elle dans un communiqué: "Dominion Voting Systems dément toute accusation au sujet d’échange de votes ou de problèmes présumés de logiciel."

"Aucune base factuelle"

Plusieurs institutions américaines ont adopté la même position. Ainsi, l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures, l’agence fédérale garante de la régularité de l’élection, a déclaré jeudi: "Il n’y a aucune preuve selon laquelle un système de vote aurait supprimé ou perdu des votes, ou échangé des votes, ou aurait été compromis d’une manière ou d’une autre. L’élection du 3 novembre était la plus sécurisée de l’histoire américaine."

Benjamin Hovland, président de la Commission américaine à l'assistance pour l'élection (une agence du gouvernement chargée notamment de certifier le matériel utilisé pour le vote), nommé par Donald Trump en janvier 2019, a quant à lui lancé auprès du New York Times: "Ce à quoi on assiste joue le jeu de nos adversaires à l'étranger qui veulent nous voir perdre foi dans notre démocratie".

La Pennsylvanie est un État-clé qui a été particulièrement disputé entre le candidat républicain et le prétendant démocrate. L'intégrité du scrutin qui s'y est tenu a été explicitement visé par le tweet de Donald Trump.

Ellen Lyon, la porte-parole de son département d'État, a affirmé qu'il n'existait "aucune base factuelle" à l'assertion du président selon laquelle 221.000 en sa faveur auraient été retournés en bulletins pro-Biden.

Un micmac corrigé dans le Michigan

Eddie Perez, expert appointé par l'OSET Institute, une instance non-partisane qui a aidé à vérifier plus de 1000 signalements de problèmes dans les votes depuis le 3 novembre, a expliqué à AP ne pas avoir connaissance de difficultés systémiques de nature à perturber l'enregistrement des votes liées à Dominion.

Il a cependant évoqué "une petite poignée de problèmes" dérivant d'erreurs humaines. Il a tout de même noté que l'une d'entre elles avait concerné "plusieurs milliers de votes" dans le comté d'Antrim dans le Michigan - État où Biden a été déclaré vainqueur avec près de 150.000 voix d'avance. La faute a toutefois été corrigée, selon les autorités locales.

Article original publié sur BFMTV.com