Trump accuse à nouveau les deux camps pour les violences en Virginie

Donald Trump a une nouvelle fois renvoyé dos à dos extrémistes de droite et de gauche mardi à la suite des violences survenues ce week-end lors d'un rassemblement de suprémacistes blancs en Virginie. /Photo prise le 15 août 2017/REUTERS/Kevin Lamarque

par Jeff Mason NEW YORK (Reuters) - Donald Trump a une nouvelle fois renvoyé dos à dos extrémistes de droite et de gauche mardi à la suite des violences survenues ce week-end lors d'un rassemblement de suprémacistes blancs en Virginie. Cette réaffirmation de sa prise de position initiale face à ces événements a relancé la tempête politique aux Etats-Unis. Vivement critiqué pour sa première réaction à ces violences qui ont coûté la vie à une contre-manifestante, le président américain avait paru céder aux pressions lundi en dénonçant finalement le racisme et en mettant en cause nommément le Ku Klux Klan (KKK), les mouvements néo-nazis et les groupes suprémacistes blancs. Manifestement irrité voire en colère, Donald Trump a toutefois maintenu mardi que sa réaction initiale était fondée sur les faits parvenus à sa connaissance à ce moment-là. Les torts sont des deux côtés, a-t-il dit. "Vous aviez un groupe d'un côté qui était méchant et vous aviez un groupe de l'autre côté qui était aussi très violent. Et personne ne veut le dire mais je vais le dire maintenant", a dit le président américain, dont l'échange avec la presse a été tendu. "Ces personnes n'étaient pas toutes des néo-nazis, croyez-moi. Toutes ces personnes n'étaient pas, de loin, des suprémacistes blancs", a-t-il poursuivi. "Il y avait un groupe de ce côté. On peut les appeler la gauche (...) qui est venue attaquer violemment l'autre groupe. Donc vous pouvez dire ce que vous voulez, mais c'est comme ça." Ce rassemblement de suprémacistes blancs à Charlottesville a donné lieu à des affrontements avec des contre-manifestants, parmi lesquels une femme a été tuée par un jeune automobiliste soupçonné de sympathies nazies. UN ANCIEN CHEF DU KU KLUX KLAN SE DIT RAVI Dans sa première réaction à ces événements samedi, Donald Trump a dénoncé la haine et les violences présentes "de nombreux côtés". Ces déclarations lui ont valu de vives critiques aussi bien de la part des républicains que des démocrates, qui lui ont reproché de ne pas condamner explicitement le rassemblement de suprémacistes blancs. Après deux jours de polémique, le président américain a paru vouloir rectifier sa position en jugeant "le KKK, les néo-nazis, les suprémacistes blancs et les autres groupes haineux (...) à l'opposé de tout ce que nous chérissons en tant qu'Américains". Ses nouvelles déclarations mardi ont relancé la controverse sur sa gestion de cette crise d'ampleur nationale et sur l'état des relations entre les différentes communautés aux Etats-Unis. David Duke, ancien chef du Ku Klux Klan, a immédiatement salué la dernière prise de position du président américain. "Merci président Trump pour votre honnêteté et votre courage de dire la vérité sur Charlottesville et de condamner les terroristes de gauche de BLM/antifa", a-t-il écrit sur Twitter. BLM désigne le mouvement de défense des noirs "Black Lives Matter" et le terme "antifa" les antifascistes. Le sénateur démocrate de New York Chuck Schumer a déclaré que cette réaction de David Duke levait toute ambiguité sur le véritable état d'esprit de Donald Trump lorsque ce dernier place sur un même plan moral des suprémacistes blancs et des contre-manifestants. "En affirmant qu'il ne prend pas partie, Donald Trump le fait de manière évidente", a-t-il dit. "Quand David Duke et des suprémacistes blancs se réjouissent de vos déclarations, vous faites les choses très, très mal." "DES PERSONNES TRÈS BIEN DES DEUX CÔTÉS" A la suite de ces déclarations de Donald Trump, le président de la confédération syndicale AFL-CIO, Richard Trumka, a démissionné du Manufacturing Council, comité consultatif conseillant l'administration des Etats-Unis en matière de politique industrielle, en accusant le président de "tolérer le sectarisme et le terrorisme intérieur". Trois grands patrons américains ont déjà quitté cette instance lundi. Donald Trump a en outre défendu mardi la position des manifestants venus ce week-end à Charlottesville pour protester contre l'enlèvement d'une statue de Robert E. Lee, commandant des forces confédérées sudistes, pro-esclavagistes, durant la Guerre de Sécession. Il a notamment établi un parallèle avec les anciens présidents George Washington et Thomas Jefferson, deux des "pères fondateurs" des Etats-Unis. "George Washington possédait-il des esclaves? George Washington va-t-il désormais perdre son statut? Allons-nous enlever les statues de George Washington? Et à propos de Thomas Jefferson? (...) Parce qu'il possédait beaucoup d'esclaves", a-t-il interrogé. En réponse aux questions des journalistes, le président américain a ajouté à propos des événements de Charlottesville: "Vous aviez aussi des personnes qui étaient des personnes très bien des deux côtés." Tout en assurant que les néo-nazis et les nationalistes blancs "doivent être totalement condamnés", il a jugé que les contre-manifestants comptaient aussi dans leurs rangs des "fauteurs de troubles". "Il y a beaucoup de mauvaises personnes dans l'autre groupe aussi", a-t-il dit. (Avec Susan Heavey à Washington et Scott Malone à Charlottesville,; Bertrand Boucey pour le service français)