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Trudeau vante le Ceta devant les élus français parfois sceptiques

Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a défendu mardi devant une assemblée nationale française en partie sceptique le traité international de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (Ceta), entré en vigueur l'an dernier. /Photo prise le 17 avril 2018/REUTERS/Benoit Tessier

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a défendu mardi devant une assemblée nationale française en partie sceptique le traité international de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada (Ceta), entré en vigueur l'an dernier.

Dans un discours au Palais-Bourbon, une première pour un chef de gouvernement canadien, celui qui dirige son pays depuis 2015 a vanté les mérites d'un accord qui "produit déjà ses effets", au grand dam des élus communistes, de La France insoumise et du Front national.

"En 2017, avec seulement quatre mois d’impulsion donné par le Ceta, les importations au Canada en provenance de la France ont augmenté de 4%. Seulement dans les secteurs agricole et agroalimentaire, on atteint une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente", a-t-il énuméré, évoquant une hausse de 23% des investissements canadiens en France l'an dernier.

"Aujourd’hui, quelque 200 entreprises canadiennes emploient plus de 28.000 personnes en France, tandis que les Français soutiennent 95.000 emplois au Canada", a poursuivi Justin Trudeau, y voyant "des signes précoces, mais positifs, de la direction que prendra notre partenariat sous cet accord".

"Le Ceta n’est que le point de départ d’une nouvelle ère de coopération et d’intégration. Ensemble, nous devons aller encore plus loin et oser faire le pari de l’innovation, du progrès et de l’avenir", a-t-il prédit, provoquant des remous au sein des députés de gauche où quelques "non" ont fusé.

Dans les rangs communistes, des élus ont arboré un badge sur lequel on pouvait lire "Stop Ceta". Et nombre d'élus mécontents ne l'ont pas applaudi à la fin. Interrogé par Reuters, le député communiste André Chassaigne a déploré un discours faisant la part belle "au Ceta, au libre-échange et au libéralisme qui doit l'emporter sur tout".

"En définitive, la fin du discours a en grande partie occulté, pour ne pas dire anéanti, les belles paroles du début", a-t-il dit à propos de l'intervention du Premier ministre, qui a aussi abordé des sujets comme la francophonie et le prix payé par les soldats canadiens sur les champs de bataille en France.

La députée La France insoumise Clémentine Autain a elle aussi déploré un discours gâché par la partie consacrée à un traité de libre-échange qui abaisse selon elle les normes de protection sociale et environnementale.

"Il est venu nous expliquer qu'il fallait signer, appliquer et développer la logique du Ceta", a-t-elle dit à propos du texte appliqué depuis septembre "sans aucune validation du peuple".

"En France, le Parlement ne s'est pas exprimé", a-t-elle déploré. "Les négociations se sont faites dans un secret terrible alors que le Ceta engage la vie quotidienne de millions de Français."

(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)