Trouble du stress post-traumatique : et si la résilience était un muscle ?
Les personnes souffrant d'un trouble du stress post-traumatique (TSPT) ont des difficultés à activer le mécanisme cérébral permettant de bloquer volontairement la résurgence des souvenirs. Heureusement, cette capacité peut se récupérer et prédisent la rémission du trouble, concluent des travaux français.
"La résilience n'est pas un trait inscrit en nous et défini à l'avance" et implique un mécanisme cérébral de contrôle des souvenirs, révèle le chercheur en neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine Pierre Gagnepain. C'est au contraire un processus dynamique qui peut être travaillé et amélioré qu'il décrit avec son équipe dans une série d'études, dont la dernière est parue en janvier 2025 dans la revue Science Advances.
Le 13 novembre 2015, les attentats de Paris ont précipité des dizaines de personnes dans un douloureux trouble du stress post-traumatique (TSPT). "Ils revivent l'événement sous forme intrusive avec tous leurs sens. C'est très handicapant", explique Giovanni Leone, premier auteur de cette étude. Pour lutter contre le stress qui en résulte et se remettre du traumatisme d'origine, la faculté de résilience est essentielle. "L'hippocampe, la zone cérébrale liée à la mémoire, était présumée à l'origine du TSPT. Mais nos découvertes montrent qu'il ne s'agit pas seulement d'un problème de mémoire, mais de contrôle de l'émergence de ces souvenirs", résume le chercheur.
Bloquer les souvenirs intrusifs, un exercice très difficile en cas de stress post-traumatique
"Table", affichent les chercheurs dans la machine à IRM. A l'intérieur, un des membres de la cohorte "Programme vendredi 13" rassemblant des volontaires parmi les survivants des attentats du 13 novembre, fixe le mot. Comme une centaine d'autres personnes suivies par l'étude, il a auparavant passé du temps à l'associer par cœur à une image de ballon de football. Si le mot "Table" est en vert, il doit se rappeler l'image le plus précisément possible. S'il est rouge, il doit au contraire se concentrer uniquement sur le mot et repousser l'intrusion de l'image dans son esprit. "C'est ce qu'on appelle la tâche du 'think/no think', et c'est particulièrement difficile", remarque Pierre Gagnepain, reconnaissant envers ces victimes et témoins d'attentats dont il souligne le courage dans leur volonté de p[...]