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Un opposant vénézuélien recherché après des violences

Trois personnes ont été tuées par balles mercredi dans des affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement vénézuélien à Caracas, théâtre de troubles sans précédent depuis ceux qui ont suivi l'élection du président Nicolas Maduro, en avril 2013. /Photo prise le 12 février 2014/REUTERS/Carlos Garcia Rawlins

par Daniel Wallis et Diego Ore CARACAS (Reuters) - Les autorités vénézuéliennes ont émis jeudi un mandat d'arrêt contre l'initiateur d'un mouvement antigouvernemental au lendemain de la mort de trois personnes dans des affrontements entre partisans et adversaires du gouvernement à Caracas. Ces troubles, sans précédent depuis ceux qui ont suivi l'élection du président Nicolas Maduro en avril 2013, ont conduit Caracas à demander à la justice ce mandat contre Leopoldo Lopez pour provocation au meurtre ou encore terrorisme. Des membres de l'opposition radicale manifestent depuis deux semaines à travers le pays contre l'insécurité, la corruption et la crise économique. Le camp présidentiel les accuse de chercher à semer le chaos en vue d'un coup d'Etat comme celui auquel Hugo Chavez a échappé en 2002. Ce que Leopoldo Lopez, interrogé par Reuters après les incidents de mercredi, a démenti: "Le gouvernement joue la carte de la violence et ce n'est pas la première fois. Ils m'accusent sans aucune preuve. (...) Je suis innocent. J'ai la conscience tranquille parce que nous appelons à la paix", a-t-il dit. Un défilé dans la capitale contre le chef de l'Etat, héritier politique du socialiste Hugo Chavez, décédé en mars 2013, s'est achevé mercredi à quelques pâtés de maisons d'un rassemblement en sa faveur, ce qui a donné lieu à des heurts. Le procureur général a confirmé les décès d'un étudiant et d'un représentant local du camp présidentiel. Selon Nicolas Maduro, un deuxième étudiant atteint d'une balle dans la tête se trouve dans un état critique. "Ce groupe violent a échoué pour le moment dans ses tentatives pour semer la mort et répandre le sang au Venezuela", a déclaré le président dans un discours prononcé près de Caracas à l'occasion d'une commémoration. "LA SORTIE" Les autorités font état de 23 blessés et de 25 arrestations. Quatre voitures de police ont en outre été incendiées et des locaux administratifs mis à sac. Leopoldo Lopez a fait état d'un troisième décès. Cet opposant radical et ancien maire de Chacao, localité huppée de la banlieue est de la capitale, est à l'origine de ce mouvement de contestation entamé sous le mot d'ordre "La sortie", seule issue possible pour Nicolas Maduro, selon lui. L'initiative a exposé des divergences au sein même de l'opposition, certains favorisant une approche plus modérée pour obtenir des changements. Sur des réseaux sociaux en pleine effervescence, le camp présidentiel et l'opposition se rejettent la responsabilité des violences, dont on ignore les circonstances exactes. Pour l'opposition, des "collectivos", groupes radicaux favorables à l'actuelle majorité, ont ouvert le feu sur le défilé antigouvernemental. De leur côté, les autorités imputent les violences à des "fascistes" qui les auraient préméditées. A la tombée de la nuit, des militaires tentaient de disperser plusieurs centaines de jeunes manifestants à coups de grenades lacrymogènes sur l'avenue principale de Chacao, où l'un des décès est survenu. Jeudi matin, les rues de Caracas étaient plus calmes qu'à l'accoutumée, en raison d'une forte présence policière et militaire. Aucun nouvel incident n'a été signalé. Les rassemblements qui ont lieu depuis deux semaines sont jusqu'ici restés modestes, mais certains ont donné lieu à des affrontements avec les forces de l'ordre, ce qui n'était pas arrivé depuis les violences post-électorales de l'an dernier. "Ce mouvement de population dans les rues va prendre de l'ampleur. C'est comme une vague qui va continuer à grossir", a assuré Leopoldo Lopez sur une chaîne de télévision colombienne. Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français