Les violences auraient fait au moins 44 morts en RDC

Manifestants antigouvernementaux à Kinshasa. Des inconnus ont mis le feu au siège d'un parti d'opposition en République démocratique du Congo (RDC) aux premières heures de la matinée mardi, au lendemain d'une journée de violentes manifestations. L'incendie a fait au moins deux morts. /Phot prise le 19 septembre 2016/REUTERS/Kenny Katombe

par Kenny Katombe et Benoît Nyemba KINSHASA (Reuters) - Les violences qui ont éclaté lundi lors de manifestations contre le président Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC) ont fait au moins 44 morts, dont 37 personnes tuées par les forces de sécurité, a rapporté mardi Human Rights Watch (HRW). Ida Sawyer, chargée de l'Afrique au sein de l'ONG basée à New York, dit avoir reçu des "informations crédibles" faisant état du décès de 20 manifestants lundi et de 17 autres opposants par la suite. "La plupart des victimes ont été tuées lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants. D'autres sont mortes la nuit dernière quand les forces de l'ordre ont incendié le siège d'un parti d'opposition", précise-t-elle dans un courriel envoyé à Reuters. Ida Sawyer ajoute disposer d'informations crédibles sur le fait que six policiers et un partisan du parti au pouvoir ont été tués par les manifestants, qui ont aussi incendié et pillé des magasins et des commissariats. Le ministère de l'Intérieur congolais s'en tient pour le moment à un bilan de 17 morts, dont trois policiers, dans la capitale, Kinshasa. Son porte-parole, Pero Luwara, a qualifié le bilan avancé par HRW d'exagération "typique" de l'ONG. Les manifestants protestaient contre la volonté prêtée au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la limite prévue par la Constitution, à la fin de l'année, aucune date n'ayant encore été fixée pour l'organisation de la prochaine élection présidentielle. CORPS CALCINÉS Selon des témoins, les violences se sont poursuivies dans la nuit avec notamment l'incendie du siège de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui se trouve dans le quartier de Limete. Un membre de ce parti d'opposition dirigé par Etienne Tshisekedi, qui a perdu contre Joseph Kabila au second tour de l'élection présidentielle de 2011, a dit avoir vu des hommes armés entrer au siège du parti vers 03h00 du matin et y mettre le feu. "On était en train de dormir quand des hommes sont arrivés et ont forcé la porte (...). J'ai vu des hommes en uniforme militaire. Ils ont jeté de l'essence et ont mis le feu au bâtiment. J'ai couru pour me cacher", a déclaré Jean Toumba, un membre de l'UDPS qui dormait dans l'immeuble. Deux corps calcinés étaient visibles à l'intérieur des bureaux de l'UDPS, à côté de jerricans d'essence vides éparpillés, a constaté un journaliste de Reuters. A Genève, le porte-parole du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, Rupert Colville, a déclaré que l'Onu avait été informée d'un usage excessif de la force par la police congolaise et qu'elle estimait à environ 200 le nombre de personnes arrêtées lundi. (Danielle Rouquié et Tangi Salaün pour le service français)