Les trois "Bleu" de Joan Miró : un triptyque qui marque l’histoire de l’art
En 1960, dans son atelier de Son Abrines, conçu par son ami l’architecte Josep Lluís Sert près de Palma de Majorque, Joan Miró réfléchit. Quelle serait la meilleure manière d’occuper ce gigantesque écrin blanc immaculé ? À 67 ans, le peintre catalan voudrait retrouver "la fureur iconoclaste de la jeunesse". Dix ans plus tôt, aux États-Unis, la découverte de nouvelles techniques comme le dripping, ces jets de peinture venant maculer la surface de la toile pratiqués par Jackson Pollock, l’ont durablement impressionné. Après quatre ans sans toucher un chevalet, Miró se lance à corps perdu dans des expériences inédites. D’abord avec une série de toiles à fond blanc. Puis, le 4 mars 1961, il achève de grands formats, Bleu I, Bleu II et Bleu III. Le peintre a mis à profit l’espace de son atelier : ses toiles font plus de 3,50 mètres de long pour 2,70 de haut ! Ensemble, les trois Bleu forment une seule et même œuvre. Joan Miró y injecte une modernité et une spiritualité qui marquent durablement l’histoire de l’art.
Miró concrétise ici un vieux rêve : "dépasser la peinture de chevalet". Son tableau monumental est entièrement recouvert de bleu outremer, la "couleur de ses rêves", et simplement ponctué de balafres rouges et de points noirs semblables à des galets. "Ces toiles sont l’aboutissement de tout ce que j’ai essayé de faire", confiera l’artiste à propos de son triptyque.
"J’ai mis beaucoup de temps à les faire. Pas à les peindre, mais à les méditer. Il m’a fallu un énorme effort, (...)
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