Le “triomphe paradoxal” de l’extrême droite autrichienne, pas sûre de gouverner
Le mot revient dans toute la presse autrichienne : “Triomphe.” Dimanche soir, lors des élections législatives, les estimations donnaient au Parti de la liberté (FPÖ) près de 29 % des suffrages. Soit un score supérieur à celui de 1999, resté la référence pour l’extrême droite, et un bond de 13 points par rapport au dernier scrutin, en 2019. “C’est un morceau d’histoire que nous avons écrit ensemble aujourd’hui. Ce que nous avons accompli dépasse mes rêves les plus fous. […] Nous avons ouvert une porte vers une nouvelle ère, nous allons vraiment écrire ce nouveau chapitre de l’histoire autrichienne ensemble”, s’est félicité Herbert Kickl, le chef du parti.
“Compte tenu des nombreux sondages publiés ces dernières semaines, ce résultat n’est pas une si grande surprise”, constate Kurier, considérant que “la diabolisation d’Herbert Kickl a échoué”. Pourtant, “c’est paradoxal. Les chances de Kickl de devenir chancelier ont disparu avec la victoire électorale”, explique la Wiener Zeitung. Car “seule une majorité absolue légitimerait Kickl en tant que chancelier. […] Dans une démocratie parlementaire – comme l’est l’Autriche –, le parti qui veut entrer à la chancellerie doit trouver une majorité parlementaire”, poursuit le plus ancien journal du pays.
Or il n’est pas dit qu’un parti accepte de rejoindre l’extrême droite dans une coalition. “Le FPÖ sera le parti le plus fort et le plus isolé d’Autriche pour la prochaine législature”, prédit Der Standard. “Trop extrême”, par exemple, pour “séduire” l’ÖVP, les conservateurs, selon le quotidien, qui révèle que des membres du parti fondé par d’anciens nazis ont entonné vendredi une chanson des Waffen-SS pendant un enterrement.
La Kleine Zeitung signale d’ailleurs qu’un rassemblement a eu lieu à Vienne, rare territoire où le FPÖ n’a pas percé, pour rappeler qu’une partie de la population rejetait ses idées. “Les nazis hors du Parlement” ou “Jamais Kickl”, ont notamment scandé les manifestants.
L’ÖVP gardera-t-il le pouvoir ?
“Il n’est écrit nulle part que le président fédéral doit charger le parti le plus fort de former un gouvernement fédéral. En démocratie, il faut trouver des majorités”, répète Der Standard. Mais pour Die Presse, si une coalition avec les sociaux-démocrates du SPÖ est inenvisageable, elle reste possible avec l’ÖVP, qui “n’exclut que la personne d’Herbert Kickl”.