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TRIBUNE. L'ex-ministre Jean-Jacques Urvoas sur la sécurité : "Le piège de Clemenceau"

La tribune : "La facilité est mauvaise conseillère. Pour ne pas s'en être méfiés, beaucoup de titulaires de la charge de ministre de l'Intérieur ont transformé leur passage Place Beauvau en un véritable calvaire. La recherche d'un mimétisme avec Georges Clemenceau explique l'essentiel. En s'autoproclamant 'premier flic de France', ce dernier cisela une formule que ses lointains successeurs portent comme une dévorante tunique de Nessus.

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Chaque nouvel arrivant se croit obligé de reprendre la formule 'premier flic de France' avec fierté

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Ignorant probablement que cette expression illustrait une répression très dure - avec mort d'hommes - des mouvements sociaux en 1907 et 1908, chaque nouvel arrivant se croit obligé de la reprendre avec fierté. Sans doute espère-t-il que cette fidélité revendiquée lui conférera une crédibilité immédiate. La posture martiale est, de fait, avantageuse dans un pays souvent inquiet et de plus en plus crispé où la protection des biens et des personnes figure parmi les attentes les mieux partagées de l'opinion. Las, très vite pris en main par son administration et cherchant toujours à contenter ses très puissants interlocuteurs syndicaux, il réduit son action à satisfaire le corps policier plutôt que de répondre aux besoins de la population.

L'inscription dans les pas d'Alain Peyrefitte est une seconde méprise. Le 11 juin 1980, lors d'un débat parlementaire, c'est lui qui érigea 'la sécurité [comme] première des libertés'. Depuis, cette antienne est ...


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