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Trente propositions pour moderniser le métier de taxi

PARIS (Reuters) - Les taxis français seront peints d'une seule couleur, dotés de la géolocalisation et proposeront un forfait aéroport ainsi qu'un prix unique pour la course d'approche si le gouvernement approuve les propositions qui lui ont été soumises jeudi. Dans un rapport remis au Premier ministre, le député socialiste Thomas Thévenoud suggère des solutions pour mettre fin au conflit entre les chauffeurs de taxi et leurs concurrents, les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC). Les premiers, qui avaient bloqué en février les rues de plusieurs villes de France pour protester contre une concurrence jugée déloyale, ont plutôt bien réagi à ces idées qui doivent faire l'objet très prochainement d'une proposition de loi. "Globalement, les propositions qui sont faites aujourd'hui ne vont pas résoudre tous les problèmes mais vont dans le bon sens", a déclaré sur RTL Alain Griset, le président de l'Union nationale des taxis, se félicitant par exemple de la création d'un couloir qui leur sera réservé entre Paris et Roissy. Les représentants des VTC, qui demandent à être associés aux négociations à venir, regrettent notamment le fait qu'ils ne pourront pas emprunter ce couloir et contestent le gel proposé pour leurs immatriculations mais se montrent ouverts. "A ce stade ce n'est qu'une présentation et tout reste à faire", dit dans un communiqué la Fédération des VTC. Thomas Thévenoud suggère une batterie de mesures destinées à moderniser les services de taxi, comme la géolocalisation et la généralisation du paiement par carte bancaire. "Quand on commande un taxi, pourquoi, quand il arrive, on a déjà 12 euros au compteur?" a-t-il ajouté sur RMC et BFMTV. "Je propose de supprimer la course d'approche et de faire en sorte que quand le taxi arrive, on est au tarif minimum, c'est-à-dire aujourd'hui 6,86 euros." ASSEZ DE VOITURES À PARIS Il estime que la question n'est pas, à Paris, le nombre de licences, contrairement à ce que jugent de nombreux utilisateurs, mais la répartition de l'offre. "On est passé de 15.000 taxis en 2007 à 20.000 taxis aujourd'hui. Et puis il y a eu le développement des VTC: 3.000 VTC sur Paris en 18 mois. Donc l'offre a considérablement augmenté. Simplement la répartition se fait mal", a-t-il dit. Beaucoup de taxis restent ainsi à l'aéroport parisien de Roissy au lieu d'être au centre de la capitale, souligne-t-il. Un problème qu'il propose de résoudre en instaurant un forfait pour les trajets entre Paris et ses aéroports - une solution qu'il suggère aussi d'appliquer aux métropoles régionales. Il recommande néanmoins la distribution de nouvelles licences gratuites mais non cessibles et de modifier le statut de locataire, très défavorable aux quelque 7.000 chauffeurs de taxi parisiens qui y sont assujettis et qui évoluerait vers un système de location gérance. Thomas Thévenoud ne prône ni course minimale ni délai d'attente avant la prise en charge par les VTC - des solutions censurées par le Conseil d'Etat mais voulues par les taxis. Il veut toutefois interdire aux VTC la maraude électronique, c'est-à-dire la possibilité de visualiser les véhicules se trouvant à proximité sur une carte numérique - ce qui serait en revanche permis aux taxis - et de renforcer les contrôles de ces sociétés. Le député propose aussi de soumettre les chauffeurs de VTC à une formation et leurs véhicules à un contrôle technique tous les six mois, d'immatriculer les opérateurs VTC et de leur imposer une tarification "claire et au forfait". Il demande par ailleurs au gouvernement de mettre fin au système Uber-POP, qui met en relation des particuliers utilisant leur véhicule contre rémunération et des clients, ce qui, selon lui, ne relève pas du covoiturage mais de la pratique illégale. "Uber est un groupe financé pour partie par (le groupe américain) Google qui, à travers un dispositif d'optimisation fiscale international, échappe à l'impôt en France et dont le modèle économique repose notamment sur la pratique du taxi clandestin", lit-on dans le document. "La place d'Uber-POP c'est devant les tribunaux", a renchéri Thomas Thévenoud sur RMC. "J'ai demandé au gouvernement d'utiliser toutes les voies juridiques et les voies juridiques les plus urgentes pour (...) qu'on interdise Uber-POP." (Emmanuel Jarry)