Treize bases de missiles non déclarées identifiées en Corée du Nord

SEOUL (Reuters) - Un centre d'études américain a identifié lundi au moins 13 bases de missiles non déclarées, sur la vingtaine dont disposerait la Corée du Nord, ce qui souligne toute la difficulté que rencontrent les négociateurs américains dans leurs efforts pour convaincre Pyongyang de renoncer à son arsenal nucléaire et de missiles de longue portée.

Selon le Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), dont le siège se trouve à Washington, des travaux d'entretien et des améliorations mineures aux infrastructures ont été constatés sur certains de ces sites, en dépit des négociations en cours.

Le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un, et Donald Trump se sont engagés lors de leur sommet du 12 juin dernier à Singapour à oeuvrer en faveur d'une dénucléarisation de la péninsule coréenne, mais l'accord est resté bien vague et, depuis lors, les négociations n'ont guère progressé. Cela n'avait pas empêché Trump de dire sur Twitter, juste après le sommet, qu'"Il n'y a plus de menace nucléaire nord-coréenne".

A Singapour où il se trouvait mardi, le conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton, a déclaré que Donald Trump était toujours disposé à tenir un deuxième sommet avec Kim Jong-un.

Le président américain donne à la Corée du Nord l'occasion de s'engager vers un avenir différent à condition de se dénucléariser, a ajouté John Bolton devant la presse, en marge des rencontres de cette semaine entre les dix pays membres de l'Asean (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) et leurs partenaires extérieurs comme les Etats-Unis et la Chine.

La Corée du Nord a déclaré que la mise au point de son arsenal nucléaire était "terminée" et elle a interrompu ses essais balistiques et atomiques, cette année, mais les négociateurs américains et sud-coréens n'ont toujours pas pu obtenir de Pyongyang une déclaration concrète sur l'ampleur exacte de ses programmes d'armements, pas plus qu'un engagement à cesser de déployer l'arsenal existant.

PYONGYANG NE RECONNAÎT PAS CES BASES

La Corée du Nord a affirmé avoir fermé son site d'essais nucléaires de Punggye-ri tout comme le site d'essais balistiques de Sohae. Elle a évoqué la possibilité de fermer d'autres installations et d'autoriser des inspections internationales, à condition que Washington prenne des "mesures équivalentes", ce dont on n'a pas vu le signe jusqu'à présent.

Un responsable du département d'Etat américain, prié de dire si les sites cachés étaient contraires à l'esprit du sommet de Singapour, et si la Corée du Nord devait les fermer, s'est borné à répondre que pour Trump, "si le président Kim tient ses engagements - dont la dénucléarisation complète et l'élimination des programmes de missiles balistiques -, un avenir bien plus brillant s'ouvrira pour la Corée du Nord et son peuple".

A Séoul, Kim Eui-kyeom, porte-parole de la Maison bleue, le siège de la présidence, a déclaré que les services de renseignement américains et sud-coréens "surveillent de près" les sites grâce aux satellites espions, et il a estimé que le rapport du CSIS ne comportait à ses yeux "rien de neuf".

"La Corée du Nord n'a jamais promis de fermer cette base de missile", a-t-il dit en pointant une base décrite en détail par les chercheurs du CSIS. "Elle n'a jamais signé d'accord, ni conclu de négociations qui l'obligerait à fermer les bases de missiles", a dit le porte-parole de la Maison bleue, dont le locataire, Moon Jae-in, est arrivé au pouvoir avec l'objectif de relancer la politique d'ouverture vis-à-vis du Nord.

Les sites répertoriés dans le rapport du CSIS sont disséminés dans des zones de montagnes reculées et pourraient abriter des missiles balistiques de diverses portées - la plus importante leur permettant d'atteindre n'importe quel endroit des Etats-Unis.

"Les bases de missiles en question ne sont pas des sites de lancement", lit-on dans le rapport. "Si les missiles peuvent être tirés de là en cas d'urgence, les procédures opérationnelles de l'armée nord-coréenne prévoient que les lance-missiles, en cas d'opérations militaires, s'éloignent de ces bases et gagnent des sites de lancement(...)".

La Corée du Nord n'a reconnu l'existence d'aucune de ces 13 bases de missiles.

Sakkanmol, le site le plus proche de la zone démilitarisée (DMZ) et de Séoul, semble "actif et assez bien entretenu", concluent les auteurs du rapport.

(Josh Smith; Eric Faye pour le service français)