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Des travailleurs indonésiens sans papiers victimes de traitements inhumains en Malaisie

“La souffrance des travailleurs migrants dans le pays voisin”, titre Koran Tempo en une de son édition du lundi 27 juin. Le quotidien de Jakarta publie le dessin d’un jeune Indonésien menotté et bâillonné par des bandes blanches du drapeau malaisien.

Selon le groupe de défense Coalition souveraine des travailleurs migrants (KBMB), entre 2020 et juin 2022, les autorités gouvernementales du Sabah – un des deux États de la partie malaisienne de Bornéo – ont arrêté 12 800 migrants en provenance de divers pays, dont l’Indonésie.

“La plupart d’entre eux travaillent comme ouvriers agricoles dans des plantations de palmiers à huile. Ils sont arrêtés parce qu’ils n’ont pas de papiers. Et même s’ils en ont, leurs documents d’identité sont généralement confisqués par leur employeur”, explique une psychologue de la KBMB à Koran Tempo.

Les migrants décrivent les conditions inhumaines de leur détention, menottés les uns aux autres 24 heures sur 24 dans des hangars surpeuplés, parfois frappés à coups de bambou, obligés de se nourrir d’aliments avariés pendant trois à six mois. “Nous dormions sur un sac en plastique noir acheté 6 700 roupies indonésiennes pièce [environ 45 centimes]”, raconte une ancienne détenue, à son retour en Indonésie.

“Esclavage moderne”

Grâce à plus de 1 700 témoignages de migrants et à la consultation de documents de l’attaché à l’Immigration de l’ambassade de Malaisie en Indonésie, l’association avance le chiffre de 149 citoyens indonésiens morts en détention au cours de la période 2020-2022. “Ils sont tombés malades, puis ils sont morts sans avoir reçu de traitement”, affirme Abu Mufakhir, coordinateur de la KBMB.

Un chiffre que réfutent les autorités malaisiennes ainsi que l’ambassadeur d’Indonésie en Malaisie. Ce dernier reconnaît toutefois avoir constaté que les détenus souffraient de démangeaisons dues à des installations sanitaires inadéquates.

Choirul Anam, commissaire de l’ONG de défense des droits humains Komnas HAM, rappelle que le statut des sans-papiers est très répandu dans l’industrie de l’huile de palme. Selon lui, ce flou juridique est entretenu par les gouvernements des deux pays car il est économiquement plus avantageux. “C’est de l’esclavage moderne. C’est indéniable”, confie le militant à Koran Tempo.

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