Travailler 7 heures de plus gratuitement pour la Sécurité sociale ? Antoine Armand ne dit pas non

Le ministre de l’Économie ne ferme pas la porte à cette proposition du Sénat pour travailler plus. Mais au sein du gouvernement, d’autres préfèrent se tourner vers les partenaires sociaux.

Antoine Armand, le 31 octobre 2024 sur le perron de l’Élysée.
BERTRAND GUAY / AFP Antoine Armand, le 31 octobre 2024 sur le perron de l’Élysée.

POLITIQUE - Travailler plus pour ne rien gagner de plus, mais pour aider la Sécu. Après l’hypothèse d’une deuxième journée de solidarité pour contribuer au budget 2025 de la Sécurité sociale, les sénateurs proposent de travailler gratuitement 7 heures de plus par an. Une idée que certains au gouvernement regardent d’un bon œil, quand d’autres sont plus mitigés.

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La proposition a été mise sur la table par la commission des Affaires sociales du Sénat le 13 novembre lors de la présentation de ses amendements au Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 (PLFSS). Selon le mécanisme proposé, les actifs travailleraient sans rémunération 7 heures dans l’année, avec des modalités à définir par « les acteurs de terrain ». Soit un dispositif comparable… À la journée de solidarité aussi proposée dans un rapport sénatorial.

« En échange du bénéfice de ces heures de travail non rémunérées », les employeurs verraient le taux de l’actuelle contribution de solidarité pour l’autonomie « passer de 0,3 % à 0,6 % », selon la commission des Affaires sociales. « En fonction des entreprises, en fonction des branches, ça peut se traduire par une journée » ou bien par un étalement sur l’année, a précisé le président LR de la commission des Affaires sociales du Sénat Philippe Mouiller dans une conférence de presse.

Cette contribution des actifs rapporterait « 2,5 milliards d’euros » à la branche autonomie de la Sécu. À titre de comparaison, les bénéfices estimés d’une deuxième journée de solidarité étaient légèrement moindres, à 2,4 milliards d’euros.

Armand veut étudier « toutes les propositions »

Déjà pas opposé à la deuxième journée de solidarité, le ministre de l’Économie Antoine Armand s’est montré tout aussi intéressé par la nouvelle proposition sénatoriale. « Toutes les propositions qui vont dans le sens de dire ’il faut travailler davantage, on en prend acte’, on les étudiera », a-t-il assuré sur Sud Radio ce 14 novembre. Il a ainsi jugé « intéressante » et « judicieuse » l’idée des sénateurs, mais a insisté sur la nécessité d’en avoir « le détail » et de « la travailler ensemble ».

Le locataire de Bercy a de nouveau tenu à souligner « qu’on travaille moins en France que dans d’autres pays », en se basant sur le « taux d’emploi » et « la durée du travail ». Elle est d’environ « 1 500 heures en France » quand elle tourne autour des « 1 570 dans l’Union européenne et de 1 700 dans l’OCDE », a-t-il affirmé. Pour y remédier, le ministre estime que toutes les options doivent être regardées et débattues, que ce soit l’option d’un « jour supprimé » ou l’instauration « de plusieurs minutes par jour ou par semaine en plus ». Sauf que ça n’emballe pas tout le monde au sein de l’exécutif.

Quasiment au même moment sur Public Sénat, la ministre chargée des relations avec le Parlement Nathalie Delattre a fait savoir que Michel Barnier n’était « pas enthousiasmé » par la suppression d’un jour férié pour une nouvelle journée de solidarité, en l’absence de concertation avec les partenaires sociaux à ce stade.

Quid de la proposition de la commission des Affaires sociales sur l’augmentation du temps de travail ? Là encore, la ministre a estimé que les discussions devaient d’abord se tenir avec les syndicats de salariés et patronaux. « Ce sont des propositions qui peuvent compenser à un moment donné » mais elles sont émises « par des groupes » et pas par le gouvernement a-t-elle insisté. Une façon de ne pas se mettre (un peu plus) à dos les syndicats, alors que l’automne social s’annonce déjà compliqué pour le gouvernement.

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