«Transfiguration», les goules et les douleurs

Le premier long métrage de Michael O’Shea dépeint les rencontres étranges d’un jeune garçon obsédé par les vampires.

Le poster punaisé d’un Nosferatu aux mains crochues coudoie une étagère emplie de VHS : Fright Night (1985), Aux frontières de l’aube (1987) et autres objets visuels phares peuplés de vampires. Milo, garçon noir de 14 ans, orphelin, cohabite avec son grand frère quasi éteint au cœur de Rockaway, un quartier du Queens à New York. Il décore sa chambre à la gloire des suceurs de sang, affalé sur son lit à dévorer des vidéos de documentaires animaliers. Hiérarchies du «qui engloutira qui», du moins en premier : une guêpe foudroie de son dard une araignée. Milo observe silencieusement.

Œillades. L’Américain Michael O’Shea réalise là son premier long métrage : Transfiguration. Milo (le prodige Eric Ruffin) s’y démarque en vampire hors piste, sans prestige ni pouvoirs fantastiques, gambadant sous le soleil. Au sein de ce récit naturaliste, Milo chasse sans envoûtement en montrant le couteau avant les dents. Un virage sentimental ballotte l’emploi du temps du petit giboyeur puisqu’il rencontre Sophie, une fille de son âge, une péripétie cinématographique certes routinière. Le récit ne se cristallise pas là. O’Shea nous expose la vie de cet enfant qui doit gérer ses menus en cochant son calendrier, digérer, gargouiller, gerber même et grandir en parallèle comme tout être qui se doit d’être. Les grondements corporels (succions, gargouillements…) n’ont aucune pudeur et signent l’aura d’un film d’horreur malaisant. La bande-son ponctuelle et orchestrée par Margaret Chardiet (alias Pharmakon) envenime la peur. De sa caméra portée, O’Shea désoriente, non pas par son image tremblante, quelle importance, mais parce que Milo ne semble pas savoir où se diriger ni que devenir. Les lieux paraissent indiscernables, les plates-bandes floues et le film patine à trouver son genre entre romance, postulat social et horreur.

C’est probablement cela qui désarme, quant à savoir si (...)

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