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Haut-Karabakh: Bakou exclut toute concession avant des pourparlers à Moscou

par Nailia Bagirova et Nvard Hovhannisyan

BAKOU/EREVAN (Reuters) - Le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, a exclu vendredi de faire la moindre concession à l'Arménie au sujet du Haut-Karabakh, alors même que des pourparlers étaient organisés à Moscou pour tenter d'obtenir une trêve entre les deux camps.

"Ceux qui discutent à Moscou doivent savoir que c'est notre territoire et que nous ne ferons aucune concession", a-t-il averti dans un discours télévisé, après le départ de son chef de la diplomatie Jeyhun Bayramov pour la capitale russe.

"Nous gagnons et nous reprenons notre territoire", a ajouté le président azerbaïdjanais, ajoutant: "Laissons-les abandonner notre territoire en paix."

Jeyhun Bayramov et son homologue arménien Zohrab Mnatsakanian, conviés jeudi par le Kremlin, sont arrivés à Moscou et leur entretien, s'il a lieu, constituerait le premier contact diplomatique entre Bakou et Erevan depuis que les combats ont repris le 27 septembre dans l'enclave du Haut-Karabakh, située en territoire azerbaïdjanais et peuplée majoritairement d'Arméniens.

Ces pourparlers de Moscou s'inscrivent dans le cadre d'une initiative diplomatique lancée jeudi à Genève par le Groupe de Minsk, coprésidé par les Etats-Unis, la France et la Russie et chargé par l'OSCE de la médiation dans ce conflit qui a éclaté lors de la désintégration de l'Union soviétique en 1991.

Présent à Genève, Jeyhun Bayramov a accepté d'assister jeudi à des discussions avec des représentants français, russes et américains, mais rien n'en a filtré. Son homologue arménien doit quant à lui les rencontrer lundi à Moscou.

LA TURQUIE RÉCLAME "LA FIN DE L'OCCUPATION ARMÉNIENNE"

Les liens étroits entre l'Azerbaïdjan et la Turquie, qui, selon Paris, serait déjà impliquée militairement, font craindre une internationalisation du conflit, tout comme les accords de défense entre Moscou et Erevan.

D'après le gouvernement arménien, les pourparlers de vendredi se concentreront sur la cessation des hostilités et les échanges de corps et de prisonniers.

Selon la France, une trêve pourrait entrer en vigueur prochainement. "Le président de la République s’est de nouveau entretenu avec le Premier ministre arménien M. (Nikol) Pachinian hier (jeudi) soir, et avec le président de la République d’Azerbaïdjan M. (Ilham) Aliev ce matin. On s’oriente vers une trêve prochainement, même si la situation est encore fragile", a dit l'Elysée, dans un message adressé à Reuters.

La Turquie a néanmoins prévenu que les efforts diplomatiques de Paris, Washington et Moscou seraient voués à l'échec tant qu'ils n'aboutiraient pas à un retrait arménien du Haut-Karabakh.

"Il est quasi certain que l'initiative échouera si elle n'implique pas un plan détaillé visant à mettre fin à l'occupation", a dit le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, dans une interview à la chaîne Al Djazira.

L'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui regroupe l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Russie et le Tadjikistan, a fait savoir jeudi qu'elle pourrait intervenir en cas de menace pour la souveraineté arménienne.

Selon le ministère azerbaïdjanais de la Défense, de violents combats ont encore eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi.

La ville de Stepanakert, que les séparatistes du Haut-Karabakh considèrent comme la capitale de leur Etat, a été bombardée vendredi matin, d'après le ministère de la Défense local.

Depuis la reprise du conflit, 31 civils ont été tués et 164 blessés côté azerbaïdjanais, selon Bakou, qui ne communique pas de bilan militaire. Les autorités séparatistes du Haut-Karabakh font quant à elles état de 376 militaires et 22 civils tués.

(Nailia Bagirova, Nvard Hovhannisyan, Alexander Marrow et Maria Kiselyova, avec Michel Rose à Paris; version française Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse, édité par Henri-Pierre André)