Trêve et fraternisation inédites entre taliban et soldats afghans

KABOUL (Reuters) - Le cessez-le-feu annoncé chacun de leur côté par l'armée afghane et les taliban pour la fête de l'Aïd el Fitr, qui a marqué vendredi la fin du mois de ramadan, a donné lieu à des scènes de fraternisation inédites dans l'histoire tourmentée du pays.

La trêve de trois jours décrétée par les taliban et celle du gouvernement, qui s'achèvera mercredi, ont offert aux Afghans un répit inespéré alors que les combats s'étaient intensifiés ces derniers mois.

Samedi, le président afghan a annoncé la prolongation unilatérale de cette trêve et invité les taliban à en faire autant.

Des vidéos et des photos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des scènes inimaginables de soldats et d'insurgés islamistes se serrant la main ou se faisant des accolades pour la fête de l'Aïd.

Le ministre de l'Intérieur, Waïs Ahmad Barmak, a rencontré à Kaboul plusieurs taliban, une scène là encore inimaginable il y a encore deux semaines.

De telles scènes se sont notamment produites dans la province de Logar, au sud de Kaboul, dans celle de Maidan Wardak dans le centre du pays et celle de Zaboul au Sud.

Les gouverneurs des provinces de Kandahar et Helmand, deux bastions des taliban, ont aussi indiqué que le cessez-le-feu était respecté par les deux camps.

"Ça a été le plus paisible des Aïd. Pour la première fois, on s'est senti en sécurité. C'est difficile de décrire notre bonheur", a témoigné Qaïs Liwal, un étudiant de Zaboul.

Un attentat à la voiture piégé a toutefois été signalé dans l'est du pays. Vingt personnes, au moins ont été tuées par cette explosion revendiquée par l'Etat islamique et qui s'est produite à un rassemblement de soldats et taliban.

La trêve décrétée par les taliban ne concerne pas les troupes étrangères stationnées en Afghanistan mais aucun incident n'a été signalé non plus sur ce front.

La mission Resolute Support de l'Otan, sous commandement américain, a dit espérer que "cette pause mènera au dialogue et à des progrès en matière de réconciliation".

(Rupam Jain; Tangi Salaün et Nicolas Delame pour le service français)