À Toulouse, les patients d'un centre de traitement du cancer épuisés par les rodéos urbains

L'Oncopole de Toulouse. - BFMTV
L'Oncopole de Toulouse. - BFMTV

Déjà épuisés par leur traitement, les patients de l'Institut universitaire du cancer de Toulouse sont à bout. L'Oncopole, où ils sont suivis, se trouve à proximité de la route d'Espagne, un endroit prisé par les amateurs de rodéos urbains, cette pratique illégale encore responsable d'un nouveau drame ce week-end à Pontoise, dans le Val-d'Oise.

Résultat? Tous les week-ends, ils sont dérangés à partir de 2 heures du matin par les bruits de moteur et les crissements de pneus.

"La nuit, c'est épouvantable, car ça ne commence pas avant 2 heures. On est déjà très fatigués par les traitements", confie Marie, une patiente hospitalisée à l'Institut depuis 15 jours et qui suit une chimiothérapie.

"Dès que la police est partie, ils reviennent"

Dans une vidéo qu'a pu consulter BFMTV, on observe au moins sept véhicules, moteurs hurlants, arpenter la route d'Espagne qui longe l'Oncopole. Il faut dire que l'artère constitue un lieu idéal pour les amateurs de rodéos urbains. Peu fréquentée, elle offre deux larges voies.

Dérangée en pleine nuit, Marie a bien tenté de contacter les forces de l'ordre. "L'agent m'a dit qu'effectivement, ils étaient déjà passés 45 minutes avant. Mais ils jouent au chat et à la souris. Ils arrivent à les disperser, et après, dès que la police est partie, ils reviennent et ça dure toute la nuit", se désespère-t-elle.

La difficile tâche des policiers

À Toulouse, le travail de la police est rendu d'autant plus difficile que des guetteurs sont présents, chargés d'alerter de l'arrivée des forces de l'ordre. Sur BFMTV, Franck Lebas, rattaché au syndicat policier Unité SGP Police, a rappelé que la loi du 3 août 2018 avait bien créé un délit spécifique pour les rodéos urbains.

Mais le syndicaliste regrette qu'en cas de chute du conducteur ou d'accident, la responsabilité du policier soit systématiquement engagée, décourageant les forces de l'ordre. Les policiers ne souhaiteraient pas prendre le risque d'une course-poursuite pour interpeller les suspects.

Des riverains intimidés

À Toulouse, ce ne sont pas que les patients de l'Oncopole qui sont dérangés par le phénomène. Les employés également. Certains racontent même avoir subi des tentatives d'intimidation.

"Moi, ça m'est arrivé un soir en sortant du travail vers 21h30 de me retrouver en plein milieu de la route d'Espagne. Je me suis faite accompagner par deux voitures pour me faire comprendre que j'étais en trop. Et une fois que j'étais partie, ils ont repris le cours de leur rodéo sauvage", témoigne Jasmin, ancienne infirmière à l'Oncopole.

Entre 2020 et 2021, le nombre de condamnations pour rodéos urbains a augmenté de 40%. L'année dernière, 1400 condamnations ont été prononcées. Selon la loi, un individu reconnu coupable pour ce délit risque un an d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende.

Article original publié sur BFMTV.com