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Toujours pas d'accord pour former une coalition en Allemagne

par Markus Wacket et Andreas Rinke

BERLIN (Reuters) - Les discussions en vue de former un gouvernement de coalition inédit en Allemagne, composé des conservateurs de la chancelière Angela Merkel, des libéraux et des écologistes, semblaient dans l'impasse dimanche sur la question de l'immigration malgré des avancées sur d'autres sujets, comme le réchauffement climatique.

Les dates butoirs que s'étaient imposés les négociateurs pour conclure leurs discussions exploratoires et enclencher les négociations formelles, à savoir jeudi dernier puis dimanche à 18h00, ont été dépassées sans qu'un accord soit trouvé.

Un échec des tractations plongerait l'Allemagne dans sa pire crise politique depuis des décennies, les sociaux-démocrates du SPD, partenaires minoritaires de la coalition sortante, ayant d'ores et déjà exclu de renouveler l'expérience.

Ne resterait à Angela Merkel et à son Union chrétienne-démocrate (CDU) que l'option d'un gouvernement minoritaire inédit depuis l'après-guerre ou l'organisation de nouvelles élections législatives qui pourraient profiter au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

Les trois partis engagés dans les discussions semblent donc vouloir malgré tout surmonter leurs divergences pour trouver un compromis.

"Tout le monde veut rentrer chez soi avec un succès", a commenté Julia Klöckner, la vice-présidente de la CDU. "Chacun doit se demander s'il est prêt à ce que l'on échoue pour des détails."

Dimanche en fin de soirée, un dirigeant de la CSU (Union chrétienne-sociale), l'alliée bavaroise de la CDU, a fait état d'un accord sur la suppression d'ici à 2021 de "l'impôt de solidarité" de 5,5% introduit en 1991 pour financer la réunification allemande.

Mais ce responsable, Hans Michelbach, est revenu sur ses propos peu après, indiquant qu'aucun accord n'a encore été conclu à ce sujet.

FISCALITÉ ET IMMIGRATION DIVISENT

Angela Merkel, originaire d'ex-Allemagne de l'Est, est favorable à la prolongation de cette contribution de solidarité, qui expire en 2019, mais les libéraux du FDP ont fait de sa suppression une promesse de campagne.

Plus tôt dans la journée, les Verts avaient salué une proposition de la CDU d'accélérer le développement de l'énergie éolienne et de réduire de sept gigawatts la capacité de production d'électricité grâce au charbon.

"(Les parties en négociations) ne peuvent continuer avec des exigences maximales", a déclaré le coprésident des Grünen, Cem Özdemir. "Elles doivent être prêtes (...) à avancer et nous l'avons fait dans tous les domaines, jusqu'au seuil de la douleur."

Le sujet le plus ardu demeure l'immigration, la CSU insistant notamment pour que le nombre de réfugiés accueillis en Allemagne ne dépasse pas 200.000 par an, craignant dans le cas contraire d'être devancée par l'AfD lors des élections régionales de l'an prochain en Bavière.

Les Verts, qui ne veulent pas entendre parler d'un tel plafond, ont souligné dans un document diffusé samedi soir que le nombre d'immigrés n'avait dépassé le seuil de 200.000 qu'à cinq reprises ces 25 dernières années.

Dimanche après-midi, le président de la CSU, Horst Seehofer, avait prévenu que les discussions se prolongeraient probablement au-delà de 18h00. "Nous devons décider aujourd'hui", a-t-il dit. Il faut une politique d'immigration "humaine et ordonnée".

(Avec Thorsten Severin et Tom Koerkemeier; Danielle Rouquié et Tangi Salaün pour le service français)