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Total: Hausse du dividende et rachats d'actions en vue, le titre monte

par Benjamin Mallet et Bate Felix

PARIS (Reuters) - Total a annoncé jeudi des résultats en nette progression au quatrième trimestre 2017, tirés par la hausse de sa production et des prix du pétrole, et s'est engagé sur une politique de retour aux actionnaires qui se traduira par un relèvement du dividende et des rachats d'actions.

Ces annonces sont bien accueillies en Bourse, l'action de la deuxième compagnie pétrolière européenne par la capitalisation boursière gagnant 2,02% à 45,665 euros à 15h30 alors que l'indice des valeurs pétrolières européennes perd 0,59%.

La baisse de titre depuis le début de l'année est ainsi ramenée à moins de 1%, après -5,5% en 2017, contre respectivement -3,2% et -2,15% pour l'indice sectoriel.

"Ce sont de bons chiffres et le groupe a suffisamment de trésorerie pour augmenter ses investissements et racheter des actions, donc tout cela fait assez bonne figure", a déclaré Ion-Marc Valahu, gérant de fonds chez Clairinvest, qui détient des titres Total.

Le groupe a précisé qu'il visait une hausse de son dividende de 10% sur les trois prochaines années, avec un objectif de 2,72 euros par action au titre de 2020 (contre 2,48 euros pour 2017).

Les acomptes sur dividende trimestriels au titre de 2018 seront en outre augmentés de 3,2% à 0,64 euro par action et Total prévoit un rachat des titres émis - désormais sans décote - dans le cadre de l'option maintenue du dividende en actions.

Le groupe prévoit, en supplément, jusqu'à cinq milliards de dollars de rachats d'actions sur la période 2018-2020.

"Toutes les divisions semblent bien se porter et la génération de trésorerie organique a été de 1,5 milliard de dollars au quatrième trimestre (...) Cela fait un certain temps que nous pressentions que Total avait les marges de manoeuvre financières pour augmenter sensiblement le retour aux actionnaires", soulignent les analystes de Jefferies.

REPRISE DU RYTHME NORMAL DES EMBAUCHES

Avant Total, Royal Dutch Shell et BP, les deux principaux concurrents européens du groupe français, ont annoncé une multiplication par plus de deux de leur bénéfice 2017, également à la faveur d'une hausse à la fois des cours du brut et de la production.

En fin de semaine dernière, les deux géants américains du secteur, Exxon Mobil et Chevron, ont annoncé des résultats inférieurs aux attentes, en raison notamment d'une faiblesse dans les activités de raffinage.

Total a vu son résultat net ajusté bondir de 19% au quatrième trimestre, à 2.872 millions de dollars, avec une marge brute d'autofinancement de 5.955 millions (+25%).

Dans le même temps, sa production d'hydrocarbures a progressé de 6% à 2,613 millions de barils par jour, principalement grâce au démarrage et à la montée en puissance de ses nouveaux projets.

Selon un consensus réalisé par Inquiry Financial pour Reuters, les analystes attendaient en moyenne un résultat net ajusté de 2.814 millions de dollars et une production de 2,649 millions de barils.

Alors que les cours du pétrole se sont établis à 54 dollars le baril en moyenne en 2017 contre 44 dollars en 2016, le bénéfice net part du groupe de Total atteint 8,6 milliards de dollars (+39%) et son résultat net ajusté 10,6 milliards (+28%) sur l'ensemble de l'année écoulée.

Le groupe vise plus de quatre milliards de dollars d'économies en 2018 et un coût de production de 5,5 dollars par baril, ainsi que des investissements organiques de 14 milliards environ et une production en hausse de 6%.

ENCORE DU "NETTOYAGE" À FAIRE DANS LE PORTEFEUILLE

Le PDG, Patrick Pouyanné, a indiqué lors d'une conférence téléphonique que Total prévoyait de consacrer quelque deux milliards de dollars à des acquisitions cette année, ajoutant que l'entreprise allait reprendre un rythme d'embauches normal après un gel de trois ans.

Il a toutefois également estimé que le groupe avait encore du "nettoyage" à faire dans son portefeuille, que certains actifs étaient identifiés comme présentant des coûts élevés, et que les cessions interviendraient quand les prix atteindraient un niveau adéquat.

Evoquant le rachat du fabricant français de batteries Saft pour 961 millions d'euros, en 2016, Patrick Pouyanné a dit ne pas regretter cet investissement étant donné l'évolution du secteur de cette société qui, a-t-il souligné, s'oriente de plus en plus vers des produits pour la mobilité et le stockage électriques.

Le directeur financier, Patrick de la Chevardière, a de son côté déclaré aux analystes que Total prévoyait de lancer 10 nouveaux projets d'ici à fin 2018, que son budget d'exploration pour cette année s'établissait à 1,2 milliard de dollars, et que le groupe était confiant dans sa capacité à remplacer ses réserves pétrolières et gazières.

La sensibilité cash du groupe au prix du pétrole en 2018 augmente à 2,8 milliards de dollars pour 10 dollars de variation de Brent - contre 2,5 milliards en 2017 -, Total se donnant en outre comme objectif un point mort organique avant dividende de 25 dollars par baril cette année (contre 27 dollars).

Le groupe a également dit que son secteur aval devrait générer cette année encore une marge brute d'autofinancement de près de sept milliards de dollars, malgré le retrait actuel des marges de raffinage.

(Avec Blandine Hénault et Benoît Van Overstraeten, édité par Jean-Michel Bélot)