"Tolérance zéro", fin de l'étranglement: les pistes de Castaner contre les violences et le racisme policiers

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a prôné "une tolérance zéro contre le racisme dans les forces de l'ordre françaises", lors de sa conférence de presse ce lundi. Depuis la semaine dernière, plusieurs manifestations ont eu lieu en France pour dénoncer le racisme et les violences policières, en écho à la mort de George Floyd, un Afro-américain asphyxié lors d'une intervention de police aux Etats-Unis.

"Des images marquent et révoltent (...) La colère de Minneapolis s'est étendue à tous les continents", a déclaré Christophe Castaner lors de sa prise de parole ce lundi après-midi.

"Ce cri, je l'entends. Ce cri, comme tant de Français, résonne en moi. Le racisme n'a pas sa place dans notre société, pas sa place en République. Aucun raciste ne peut porter dignement l'uniforme de policier ou de gendarme", a-t-il déclaré, avant de dévoiler un panel de mesures pour répondre aux récentes accusations de racisme et de brutalités policières.

  • Chaque soupçon de racisme entraînera une suspension

Le ministre de l'Intérieur s'est prononcé pour la systématisation des sanctions en cas d'incidents à caractère raciste.

"Nous devons agir sur ce sentiment d'impunité. Chaque soupçon doit mener à une enquête, chaque faute à une sanction. J'ai demandé à ce qu'une suspension soit systématiquement envisagée pour chaque soupçon avéré d'actes ou de propos racistes", a ainsi annoncé Christophe Castaner.

Le ministre de l'Intérieur a jugé "inacceptable" que "des propos racistes aient été proférés, des discriminations révélées" au sein de l'institution, tout en refusant l'"amalgame global" du terme "violences policières".

"Il n"y a pas d'institution raciste ou de violence ciblée, il y a une police républicaine", a-t-il assuré.

  • La méthode d'étranglement abandonnée

Parce que "personne ne doit risquer sa vie lors d'une interpellation, la méthode d'interpellation policière controversée de la "prise par le cou, dite de l'étranglement sera abandonnée", a ensuite annoncé Christophe Castaner.

"Elle ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C'est une méthode qui comportait des dangers", a ajouté le ministre. "Par ailleurs, si un policier ou un gendarme doit maintenir quelqu'un au sol lors de son interpellation, il sera désormais interdit de s'appuyer sur sa nuque ou son cou", a-t-il ajouté.

  • Le cadre des contrôles d'identité rappelé

Pour cela, Christophe Castaner demande que soit rappelé le cadre des contrôles d'identité afin de "veiller à ce qu'il ne soit jamais le paravent des discriminations". Une instruction sera ainsi envoyée à tous les services de police et de gendarmerie afin de rappeler ce cadre.

"S'il y a encore des services où les contrôles d'identité restent un critère d'évaluation d'activité, je demande qu'il y soit mis un terme immédiatement", a-t-il mis en garde, assurant aussi vouloir mettre l'accent sur l'amélioration de la formation des forces de l'ordre.

"Je sais combien, dans l'action des forces de l'ordre, combien les contrôles d'identité sont parfois perçus comme ciblés", a affirmé Christophe Castaner en référence aux récentes accusations de racisme dans la police ou la gendarmerie.

"Un contrôle, c'est la vérification d'une identité afin de prévenir une atteinte à l'ordre public ou dans le cadre d'une recherche ou de la poursuite d'une infraction. Ce n'est pas 'une note de gueule', ce n'est pas non plus un sanction pour un regard ou une action menée en fonction de la couleur de peau. Ca c'est insupportable".

  • L'usage des caméras piétons renforcé, et le port du numéro d'identification obligatoire

Lors de cette conférence de presse, Christophe Castaner a également demandé que "l'usage des caméras piétons soit renforcé" lors des contrôles d'identité, et il a rappelé que les forces de sécurité devaient "porter, visible, (leur) RIO (numéro d'identification, référentiel des identités et de l'organisation)" lors de leurs interventions.

  • L'institution réformée pour plus d'indépendance

Enfin, Christophe Castaner a également annoncé le lancement d'"une réforme en profondeur des inspections du ministère de l'Intérieur (...) pour plus d'indépendance" de la police.

"La réforme des inspections que nous engageons devra permettre plus de cohérence, plus de collégialité entre les institutions mais surtout plus d'indépendance dans leur action vis-à-vis des services. Je souhaite plus d'indépendance encore", a annoncé le ministre.

"Cette réforme permettra à l'inspection générale de l'administration de piloter les enquêtes administratives les plus difficiles et les plus complexes concernant les forces de police et de gendarmerie", a-t-il précisé, citant notamment l'IGPN, l'IGGN et l'inspection générale de l'administration.


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Article original publié sur BFMTV.com