Tokyo étend son dispositif de surveillance militaire vers la Chine

LE JAPON CONSTRUIT UN RADAR MILITAIRE SUR L’ÎLE DE YONAGUNI, PRÈS DE TAIWAN

YONAGUNI Japon (Reuters) - Le Japon a lancé samedi les travaux de construction d'une station de radar militaire sur l'île de Yonaguni, au large des côtes de Taiwan, géographiquement plus proche de la Chine que de Tokyo. Le ministre de la Défense Itsunori Onodera, qui participait à l'inauguration du chantier, a précisé que d'autres installations pourraient suivre, marquant une expansion vers l'ouest de la présence militaire du Japon au moment où les relations avec Pékin sont passablement tendues. "Il s'agit du premier déploiement depuis que les Etats-Unis ont restitué Okinawa (ndlr, en 1972)", a souligné le ministre, ajoutant: "Je veux édifier des structures en mesure de défendre efficacement des îles qui font partie du territoire japonais." Le radar de Yonaguni, en mer de Chine orientale, sera distant de 150 km seulement des îlots de Senkaku/Diaoyu, dont Tokyo et Pékin se disputent la possession. L'an dernier, la Chine a instauré une "zone aérienne d'identification" (ZAI) qui couvre ces îles contestées, initiative rejetée par le Japon mais aussi les Etats-Unis et la Corée du Sud. Il permettra aux autorités japonaises d'améliorer leur dispositif de surveillance des mouvements de bateaux et d'avions chinois. La décision du Premier ministre Shinzo Abe de déployer une centaine de soldats sur cette île tropicale de 30 km2, peuplée de 1.500 habitants, témoigne des préoccupations du gouvernement japonais pour ses milliers d'îles et îlots de la région et de sa perception d'une menace chinoise. En décembre, le gouvernement a annoncé un accroissement de ses dépenses militaires afin de contrer la montée en puissance de la Chine, que Tokyo accuse de vouloir "modifier par la force le statu quo en vigueur dans les airs et dans les eaux de la mer de Chine orientale et de la mer de Chine méridionale et dans d'autres secteurs". Heigo Sato, spécialiste des relations internationales à l'université Takushoku et ancien chercheur de l'institut des études de défense rattaché au ministre japonais de la Défense, note que le radar de Yonaguni va élargir le faisceau de surveillance militaire du Japon pratiquement jusqu'à la Chine continentale. "Il va rendre possible un système d'alerte rapide face à des tirs de missiles et augmenter la surveillance des mouvements militaires chinois", ajoute-t-il. (Nobuhiro Kubo; Henri-Pierre André pour le service français)