Avec Tim Walz et J.D. Vance, les élections américaines se divisent sur les questions de natalité et de famille
ÉTATS-UNIS - C’est devenu l’un des moments forts des discours de Tim Walz. Depuis sa nomination, le colistier de Kamala Harris se confie régulièrement sur un sujet « personnel pour [lui] et [sa] famille ». Pendant les sept années qui ont précédé la naissance de leur fille, Hope, le gouverneur du Minnesota et sa femme ont suivi un parcours de procréation médicalement assistée.
« Quand nous voulions avoir des enfants, on a traversé des années de traitements, a-t-il raconté, visiblement ému, lors d’un rallye dans l’Arizona le 9 août. Je me souviens comme si c’était hier d’attendre simplement une bonne nouvelle. Et le téléphone sonnait, on se raidissait et on nous disait que le traitement avait échoué. Cela faisait disparaître le soleil. On voulait juste quelque chose de si simple et de si beau : avoir un enfant. »
Ce n’est un hasard si Tim Walz, qui doit prendre la parole ce mercredi 21 août lors de la convention démocrate, a fait de ce moment de sa vie un élément clé de son discours électoral. Dans cette campagne, les politiques familiales et reproductives sont au cœur des clivages partisans.
La FIV menacée
La question de la fécondation in vitro (FIV) – souvent citée par Tim Walz, même si sa femme et lui ont suivi un parcours d’insémination artificielle –, a été dans l’actualité cette année suite à une décision polémique de la cour suprême de l’Alabama (exclusivement composée de Républicains). Selon les juges, les embryons congelés sont des « enfants » et leur destruction peut donc être passible d’une condamnation. Une décision qui a entraîné l’arrêt temporaire de toutes les procédures de FIV dans l’État.
Si de nombreux Républicains ont depuis pris position pour la FIV, la question reste ambiguë puisque beaucoup d’entre eux défendent, dans le cadre de leurs positions anti-avortement, l’idée que la vie commence dès la conception. C’est notamment le cas de J.D. Vance, colistier de Donald Trump, opposant radical au droit à l’IVG, même dans les cas de viols et d’incestes.
L’idée que l’accès à la procréation médicalement assistée serait menacé est donc devenue un argument de taille pour les Démocrates, qui y voient une opportunité pour parler aux familles concernées de chaque côté de l’échiquier politique. Pour la Journée mondiale de la FIV, le 25 juillet dernier, la campagne de Kamala Harris a envoyé un e-mail intitulé « Joyeuse journée mondiale de la FIV à tout le monde, sauf à J.D. Vance ». Selon le texte, le Républicain « fait fuir des hordes d’électeurs » et « insulte les couples en proie à l’infertilité, qui se plaignent partout de ses commentaires méprisants sur les femmes “sans enfants” ».
« Une bande de femmes à chat sans enfants »
Ces commentaires mentionnés par l’e-mail sont une autre ligne d’attaque pour les Démocrates. Lors d’une interview sur Fox News en 2021, J.D. Vance avait ainsi estimé que les États-Unis étaient dirigés par « une bande de femmes à chat sans enfants qui sont malheureuses au sujet de leur propre vie et des choix qu’elles ont faits », citant en exemples Kamala Harris et Alexandria Ocasio-Cortez. Et de compléter son propos en s’interrogeant : « En quoi cela a-t-il du sens d’avoir donné les clés du pays à des gens qui n’y ont rien en jeu ? »
Cette intervention, déterrée depuis sa nomination, a fait scandale jusque dans son propre camp politique – la commentatrice conservatrice Meghan McCain estimant ainsi que ces propos « mobilisent les femmes de tous les côtés » et qu’ils « ont causé une réelle douleur et ne sont pas chrétiens ».
À l’image d’une partie des Républicains, J.D. Vance semble être obsédé par la natalité et la famille. Selon lui, les « parents devraient avoir plus de pouvoir […] que les gens sans enfants ». En 2021, il allait jusqu’à suggérer qu’ils puissent voter au nom de leurs enfants et donc obtenir plusieurs bulletins. Pour défendre ses propos sur les « femmes à chat », le colistier de Donald Trump a affirmé que son commentaire n’était pas contre les gens qui n’ont pas d’enfants, mais plutôt une critique du parti démocrate qui est, selon lui, « anti-enfants et anti-famille ».
« Mêlez-vous de vos affaires ! »
Une attaque contrée par le camp Harris, qui a insisté à travers plusieurs clips et interventions sur l’idéal de famille recomposée que la candidate représente avec son mari Doug Emhoff et les enfants de ce dernier.
What a gift from Cole. I’ll never forget this. pic.twitter.com/Hhjv99cLhJ
— Doug Emhoff (@DouglasEmhoff) August 21, 2024
Mais c’est à travers la figure de Tim Walz, incarnation du « papa fun du Midwest », que la gauche américaine a été la plus efficace sur le sujet. Le gouverneur du Minnesota a à son actif de nombreuses mesures « pro-famille » dans son État, notamment un crédit d’impôt pour chaque enfant, la gratuité de la cantine scolaire, ou encore la mise en place de congés familiaux.
Surtout, le colistier de Kamala Harris a axé son discours sur un message clair : « Ce n’est pas vos affaires ! » Il le martèle à chaque intervention : « Aujourd’hui, quand [les Républicains] parlent de liberté, ils veulent dire que le gouvernement devrait être libre d’envahir vos salles de consultations médicales. […] Dans le Minnesota, on respecte nos voisins et leurs choix personnels, […] on ne ferait peut-être pas ces choix nous-mêmes mais on a une règle d’or : mêlez-vous de vos affaires ! » Un message particulièrement efficace, qu’il s’agisse de la question du droit à l’avortement, de la FIV, ou du choix d’avoir un enfant ou non.
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