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LVMH a sollicité la Commission européenne sur ses projets incertains avec Tiffany

TIFFANY: LVMH ESPÈRE UN FEU VERT DE LA CE AVANT LE 24 NOVEMBRE

PARIS (Reuters) - Le groupe LVMH a annoncé vendredi soir avoir notifié à la Commission européenne son projet d'acquisition du joaillier américain Tiffany, un mariage aujourd'hui au coeur d'une bataille juridique entre les deux fiancés.

"LVMH confirme avoir reçu ce jour l'accord de la Commission européenne pour procéder à la notification officielle du projet d'acquisition de la société Tiffany", écrit le géant français du luxe dans un communiqué diffusé vendredi. "Conformément à ce qu'elle a toujours affirmé, la société LVMH a déposé son dossier immédiatement après l'obtention de ce feu vert."

Le groupe de Bernard Arnault précise avoir reçu à ce stade huit des dix autorisations anti-trust requises et escompte recevoir les autorisations des deux dernières, l'Union européenne et Taiwan, "bien avant la date limite du 24 novembre 2020", soit la date limite de finalisation de l'accord.

Alors que le mariage semble mal engagé, Tiffany a porté plainte dans le Delaware afin de contraindre LVMH à finaliser l'opération de rachat estimée à 16,2 milliards de dollars (13,7 milliards d'euros) et réclame un verdict avant le 24 novembre.

LVMH a annoncé le 9 septembre dernier qu'il ne pouvait plus "en l'état" boucler l'acquisition de Tiffany, évoquant notamment une demande du ministère français des Affaires étrangères de différer le mariage "en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis".

Tiffany a riposté en portant l'affaire devant la justice, accusant le groupe français de retarder sciemment l’obtention des autorisations administratives relatives aux règles anti-trust à travers le monde et de jouer la montre pour que l'accord, annoncé en novembre dernier, échoue.

Alors qu'il se félicitait à cette époque de devenir "propriétaire d'une couleur", en référence au bleu emblématique de Tiffany, LVMH a reproché la semaine dernière à la direction de l'américain des performances commerciales "ternes", estimant qu'il avait fait moins bien que ses propres marques au premier semestre. Il a aussi mis en cause la distribution d'acomptes sur dividendes en dépit d'une perte nette et de la chute de 34% des ventes sur les six premiers mois de l'année.

"On ne peut être très heureux avec une entreprise qui perd de l'argent", a dit le directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guiony, le 9 septembre à la presse.

Dans un communiqué, Tiffany a salué vendredi le dépôt du dossier devant la Commission européenne et ajoute que "la vitesse avec laquelle LVMH a agi après que Tiffany a déposé sa plainte dans le Delaware ne fait qu'illustrer les retards de LVMH et son manque de respect de l'accord de fusion au cours des derniers mois".

Le tribunal du Delaware se réunit lundi pour se pencher sur la demande de Tiffany d'examen en urgence de sa plainte, avec décision rendue avant le 24 novembre. LVMH pour sa part rejette cette procédure en accéléré, estimant que "statuer dans un délai si court qu'il serait incompatible avec une administration de la justice dans la sérénité".

(Silvia Aloisi et Henri-Pierre André avec Melisa Fares à New York)