Les tickets-restaurants changent de règles, et cela fait bondir tous les rangs politiques
POLITIQUE - Le « ticket-malbouffe » ? Les règles d’utilisation des titres-restaurants devraient changer à partir du 1er janvier prochain : certains aliments, non-consommables immédiatement, ne seront plus éligibles à ce mode de paiement à la caisse du supermarché. Exit, par exemple, les pâtes, le riz, les œufs, les produits frais à cuire comme la viande ou le poisson, les céréales ou les conserves.
Il s’agirait, en réalité, d’un retour à la normale. Instaurée en août 2022 pour protéger le pouvoir d’achat des Français rogné par l’inflation, la possibilité de faire ses courses alimentaires avec les fameux tickets n’était que temporaire. Elle doit donc prendre fin le 31 décembre prochain.
Problème : Ce retour aux règles initiales, dans un contexte de hausse des prix durable, suscite une levée de boucliers générale dans la classe politique. Face au tollé, le gouvernement par la voix de Bruno Le Maire, a dit finalement en fin de journée « étudier » une prolongation de leur utilisation pour les courses alimentaires.
« Je suis favorable à ce que nous prolongions au-delà du 31 décembre 2023 cette disposition permettant d’utiliser les tickets restaurant pour acheter des produits alimentaires », a déclaré le ministre devant la commission des Affaires économiques du Sénat.
« Scandale sanitaire »
Il faut dire que même dans la majorité, le ton est monté. « C’est une connerie », a ainsi pesté le député MoDem Richard Ramos ce mardi 14 novembre sur RMC et BFMTV. Pour lui, « on va favoriser les produits ultratransformés », comme « les Pasta box, les sandwiches triangles dégueulasses avec du jambon nitrité, avec de la merde dedans, tout ce qui est en D ou E dans le Nutri-Score ». Ceci au détriment des « produits bruts », notoirement meilleurs pour la santé.
🛒 Titres-restaurants: moins de produits éligibles en 2024
💬 "J'espère que c'est pas définitif parce que c'est une connerie", dénonce Richard Ramos, député Modem du Loiret#ApollineMatin pic.twitter.com/2UsogrW1rp— RMC (@RMCInfo) November 14, 2023
De nombreuses voix s’élèvent aussi dans l’opposition pour protester contre l’avènement des anciennes règles.
Le député insoumis Hadrien Clouet pointe ainsi « un scandale financier et sanitaire » puisque l’utilisation du ticket-restaurant ainsi voulu par le gouvernement pour le 1er janvier favorisera selon lui les industriels.
🔴 TICKET RESTAU... OU TICKET INDUSTRIE ?
Au 1er janvier 2024, les tickets restaurant ne permettront plus d'acheter des produits cuisinables !
🍝🐟🍚 Pâtes, œufs, riz, viandes et poissons frais, farine... : interdit.
🚨 Un scandale financier et sanitaire. pic.twitter.com/kQA36mhGeq— Hadrien Clouet (@HadrienClouet) November 14, 2023
Des mots que l’on retrouve du côté de Rémi Cardon, le sénateur socialiste de la Somme. Pour lui, « obliger les détenteurs de tickets-restaurants à acheter des sandwiches et plats préparés est un scandale sanitaire allant à l’encontre de toutes les orientations en matière d’alimentation durable et de santé publique ». Un sujet qui, selon ses mots « impacte d’abord les plus précaires… »
Dans ce contexte, l’extrême droite n’est pas en reste. Marine Le Pen s’est elle aussi fendue d’un message sur les réseaux sociaux ce mardi pour fustiger « l’indifférence » supposée de la Macronie « à la souffrance » des Français les plus précaires.
« Après le refus d’une TVA à 0 % pour 100 produits de première nécessité que nous réclamons, le gouvernement prend une mesure socialement dramatique pour des millions de Français pris à la gorge par l’inflation », s’indigne ainsi la dirigeante d’extrême droite, espérant visiblement mettre le pouvoir dans la sauce.
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