Voici Thorin, dernier représentant d'une population néandertalienne isolée 50.000 ans avant son extinction
Après neuf ans de recherches archéologiques et paléogénomiques, l’analyse d’un fossile de la grotte Mandrin suggère l’existence d’une nouvelle population parmi les néandertaliens récents. Elle serait restée isolée pendant plus de 50.000 ans jusqu’à son extinction. Ces résultats remettent en perspective la structure de la population et les causes de l’extinction des hommes de Néandertal.
La grotte Mandrin est un abri rocheux situé dans la commune de Malataverne qui surplombe la vallée du Rhône dans la Drôme. Découverte en 1961 par l’archéologue amateur Gaston Étienne, elle est fouillée depuis 1991 sous la direction de Ludovic Slimak, chercheur CNRS au centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse (CNRS – Université Toulouse III).
31 dents de néandertalien
Le site comporte douze couches sédimentaires principales dont la partie supérieure est chronologiquement divisée en huit niveaux. Chacun de ces niveaux, remarquablement préservé, fournit de riches archives archéologiques, avec de multiples artefacts, restes de faunes et fossiles d’homininés. En février 2022, une dent de lait d’Homo sapiens datée de 54.000 ans a notamment rebattu les cartes de l’histoire du peuplement par les premiers hommes modernes en Europe.
Aujourd’hui, ce sont 31 dents et plusieurs morceaux de mâchoire de néandertalien qui font parler d’eux. Mis au jour en 2015, ces ossements ont été découverts à l’entrée de la grotte Mandrin par Ludovic Slimak et son équipe.
Leurs résultats, publiés mercredi 11 septembre 2024 dans la revue Cell Genomics, suggèrent l’existence d’une nouvelle lignée néandertalienne parmi les néandertaliens récents.
A gauche : Vue de la mandibule in situ lorsqu'elle a été trouvée à la grotte Mandrin (Drôme). Crédit : Ludovic Slimak. A droite : Reconstruction virtuelle de la mâchoire et des dents de Thorin. A mesure que les ossements se dévoilent, les archéologues procèdent à des séries de scans de la surface du sol en trois dimensions (3D). En superposant toutes les numérisations du sol, couche par couche, ils ont pu reconstruire la mâchoire du fossile. La cumulation de scans 3D de la surface du sol a permis de reconstituer l’organisation des éléments tels qu’ils étaient conservés dans les sédiments "au dixième de millimètre près", selon Ludovic Slimak. Barre d'échelle = 1 centimètre. Crédit : Clément Zanolli.
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