Thomas Sankara réinhumé : “Le supplice est prolongé”

PHOTO OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

Ce qui devait être un couronnement est devenu un point de discorde et le début d’un nouveau déchirement. Ce qui devait être un recueillement national est devenu une tempête dramatique. Ce qui devait apporter l’apaisement dans les cœurs rallume la douleur et prolonge le supplice.

Sans des familles de victimes, sans des orphelins de martyrs, sans des veuves, dans un lieu non consensuel et même disputé, les restes des héros du 15 octobre 1987 [ont été] inhumés !

Vaines, les larmes et les supplications des familles de victimes. Vains, les appels à la recherche du consensus. Vaines, les missions de bons offices et les médiations de tout genre.

Le pseudo-consensus annoncé a été éventé. On le sait à présent, contrairement au communiqué officiel, la décision sur le lieu et la date des inhumations n’a pas requis le consensus des familles des victimes. Il [leur a été] opposé des arguties juridiques et de mystiques “impératifs socioculturel et sécuritaire d’intérêt national”.

Les restes du héros appartiennent-ils à l’armée ?

Les restes du héros appartiennent-ils à l’armée ou à sa famille ? Un faux dilemme qui présente une opposition binaire qui n’a pas lieu d’être, comme si le consensus était interdit ou impossible. La famille Sankara, digne, est sortie de sa réserve, parce qu’indignée, et a exposé ses doléances qui ne sont pas insurmontables pour peu que l’on veuille lui accorder la considération et le respect dus aux familles de victimes.

Personne ne s’est battu pour savoir à qui revenaient les charges des orphelins durant toutes ces décennies. Qui s’est inquiété du sort des orphelins, des veuves, des frères et sœurs, des parents des martyrs durant ces décennies ? L’armée ? L’État ? Un peu de décence tout de même !

Des “impératifs socioculturel et sécuritaire d’intérêt national” ? Beaucoup lisent dans ces mots le pari occultiste suivant : il semble que l’inhumation en urgence au Conseil de l’Entente aurait des vertus de lutte contre l’insécurité en ramenant la paix sociale troublée. Nous laissons cela aux experts en la matière. Dieu nous ramène la paix !

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :