Thierry Breton, commissaire européen, démissionne et tacle Ursula von der Leyen
Le Français, chargé du marché intérieur, accuse la présidente de la Commission d’avoir manœuvré pour qu’il se retrouve hors jeu pour la prochaine législature.
Un adieu avec fracas. Le commissaire européen Thierry Breton a annoncé démissionner ce lundi 16 septembre de son poste de commissaire européen chargé marché intérieur. Son départ intervient sur fonds de tensions récurrentes avec la présidente de la Commission.
Dans un message publié sur X, le Français ne cache pas la raison de son départ : Ursula von der Leyen. Alors que le président français Emmanuel Macron avait proposé sa reconduction sur la nouvelle législature européenne, « il y a quelques jours, dans la dernière ligne droite des négociations pour la composition de la future commission, vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles dont vous ne m’avez jamais directement fait part », écrit Thierry Breton. « À la lumière de ces derniers développements, je dois en conclure que je ne peux plus exercer mes responsabilités au sein de la Commission », ajoute-t-il.
I would like to express my deepest gratitude to my colleagues in the College, Commission services, MEPs, Member States, and my team.
Together, we have worked tirelessly to advance an ambitious EU agenda.
It has been an honour & privilege to serve the common European interest🇪🇺 pic.twitter.com/wQ4eeHUnYu— Thierry Breton (@ThierryBreton) September 16, 2024
Thierry Breton reproche à Ursula von der Leyen d’avoir « offert, en guise d’échange, un portefeuille plus consistant à la France dans la future commission. » « Un autre candidat vous sera proposé désormais », écrit-il.
Mercato européen
Thierry Breton occupe depuis 2019 le poste de commissaire au Marché intérieur, un vaste portefeuille qui inclut le numérique et l’industrie. Il s’est imposé comme une figure de la Commission en s’attaquant aux abus de pouvoir des géants de la tech.
À l’issue des élections européennes, et alors qu’Ursula von der Leyen a été réélue présidente de la Commission, Emmanuel Macron a proposé la reconduction du Français à un poste clé au sein de l’UE. Mais le choix du portefeuille revient à la présidente de la Commission... laquelle n’entretient pas d’excellents rapports avec Thierry Breton.
Les deux sont rattachés à des partis différents : Ursula von der Leyen est membre du PPE, quand Thierry Breton est membre de Renew. Leurs relations étaient notoirement tendues depuis que ce dernier avait pris la tête au printemps d’une fronde au sein de l’exécutif bruxellois pour contester le style de direction de la présidente, jugé peu collectif.
Polémique et vote de défiance
Le commissaire français avait publiquement mis en cause l’éthique de Ursula von der Leyen après la nomination fin janvier d’un émissaire chargé des petites et moyennes entreprises, un poste hautement rémunéré au sein de la Commission.
Le poste avait été attribué à l’eurodéputé allemand du Parti populaire européen Markus Pieper, quelques semaines avant un congrès à Bucarest début mars au cours duquel le PPE avait apporté son soutien à un second mandat de Ursula von der Leyen.
La polémique avait abouti à un vote de défiance du Parlement européen contre elle, en pleine campagne pour les élections européennes de juin, et finalement au retrait de Markus Pieper.
Juste avant le vote qui a renouvelé la présidence de la Commission, Thierry Breton avait par ailleurs raillé le bilan de la première, dont la candidature avait été entérinée de justesse par le PPE. « Ursula von der Leyen est mise en minorité par son propre parti. La vraie question désormais : est-il possible de (re)confier la gestion de l’Europe au PPE pour 5 ans de plus, soit 25 ans d’affilée ? », raillait alors Breton.
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