Theresa May à Florence pour sortir de l'impasse avec l'UE sur le Brexit

Theresa May, a Première ministre britannique va s'efforcer vendredi à Florence de relancer les négociations, actuellement au point mort, sur le divorce avec l'Union européenne. /Photo prise le 13 septembre 2017/REUTERS/Peter Nicholls

par William James FLORENCE (Reuters) - La Première ministre britannique va s'efforcer vendredi à Florence de relancer les négociations, actuellement au point mort, sur le divorce avec l'Union européenne. Theresa May, qui doit s'exprimer aux alentours de 13h15 GMT, devra faire preuve de beaucoup d'habileté pour débloquer la situation sans s'attirer les foudres des eurosceptiques, qui ont désormais les moyens de déstabiliser son gouvernement privé de majorité parlementaire depuis les élections anticipées du 8 juin. Pour remettre les discussions sur les rails, Theresa May devra répondre à une question simple et hautement symbolique : combien le Royaume-Uni est-il prêt à mettre sur la table pour apurer les comptes avec Bruxelles ? "La sortie de l'Union européenne est un processus inévitablement difficile. Nous avons tout intérêt à faire en sorte que les négociations soient un succès", dira-t-elle, selon des extraits de son discours diffusés au préalable. "Le monde a les yeux braqués sur nous mais, si nous pouvons être imaginatifs et créatifs dans la manière d'établir cette nouvelle relation (...), je pense que nous pouvons être optimistes en ce qui concerne l'avenir que nous allons bâtir pour le Royaume-Uni et l'Union européenne." Les exigences de Bruxelles, qui réclame des engagements précis, notamment sur le coût du divorce, ont fini par agacer Londres, qui souhaite entamer rapidement les discussions sur la nature de ses futures relations avec l'UE. A l'issue d'une réunion ministérielle consacrée à son discours de Florence, la BBC a annoncé jeudi que Theresa May allait demander l'instauration d'une période de transition de deux ans après la sortie de l'UE, en mars 2019. La Première ministre serait prête, toujours selon la BBC, à verser 20 milliards d'euros à l'UE pendant cette période, à condition que la Grande-Bretagne garde un accès au marché unique. BARNIER VEUT DES ENGAGEMENTS CLAIRS Michel Barnier, qui dirige les négociations avec Londres, l'a invitée à prendre d'ici la semaine prochaine des engagements fermes. "Pour faire des progrès, nous attendons des engagements clairs de la part du Royaume-Uni sur ces points précis", a-t-il déclaré, évoquant la protection des Européens vivant en Grande-Bretagne et la facture dont Londres devra s'acquitter pour se séparer de l'UE. Selon le ministre britannique des Transports interrogé vendredi par la BBC, Theresa May n'a toutefois pas l'intention de détailler précisément ses intentions à Florence, mais plutôt de définir les principes des futures relations avec l'UE. Prié de dire si elle allait proposer un règlement financier, Chris Grayling a répondu: "Nous sommes un pays qui se conforme à ses obligations". Le discours de Theresa May sera suivi d'une période décisive pour l'UE. La chancelière allemande Angela Merkel briguera dimanche un quatrième mandat. Grandissime favorite, elle redoute toutefois que la quasi-certitude quant à l'issue du scrutin ne profite aux eurosceptiques, en particulier ceux d'Alternative für Deutschland (AfD). Deux jours plus tard, Emmanuel Macron doit présenter ses projets pour "refonder l’Europe". Le président français doit aborder une dizaine de sujets, dont le renforcement de l’union économique et monétaire. Sur le front intérieur, la marge de manoeuvre de Theresa May s'est considérablement réduite après les élections anticipées du 8 juin, qu'elle avait convoquées dans le but d'obtenir une nouvelle légitimité pour négocier la sortie de l'UE en position de force. Outre la perte de sa majorité parlementaire, le scrutin s'est au contraire soldé par une relance du débat sur les conditions du divorce, débat qu'elle a tenté d'apaiser jeudi en réunissant les piliers de son gouvernement à la veille de son déplacement en Toscane. Boris Johnson, chef de la diplomatie qui juge son approche trop prudente, avait exposé quelques jours plus tôt sa propre vision du Brexit. Pour Matthew O'Toole, ancien conseiller de la Première ministre qui a renoncé à ses fonctions avant la rédaction du discours ce Florence, ce qu'elle dira vendredi ne va pas fondamentalement "changer la donne". "Elle est davantage accaparée par les problèmes intérieurs qu'elle ne l'aurait souhaité, comme l'ont montré les dernières semaines, ", juge-t-il. (Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Marc Joanny)