« The Outrun » avec Saoirse Ronan rappelle que le combat contre l’alcoolisme touche aussi les jeunes
CINÉMA - Une jeune femme titube en riant à la sortie d’un pub londonien, mais la scène n’a rien d’une fête. À l’écran, Saoirse Ronan touche le fond, cheveux bleus et yeux hagards, avant le début d’un long voyage personnel. The Outrun, sorti mercredi 2 octobre au cinéma, livre un récit poignant sur la résilience et traite de l’alcoolisme avec sincérité. Avec ce film, la réalisatrice Nora Fingscheidt offre à l’actrice irlandaise son plus beau rôle. Saoirse Ronan en est également la coproductrice, aux côtés de son mari Jack Lowden.
Saoirse Ronan, star des « Filles du Dr. March », a épousé son compagnon Jack Lowden en secret
Adapté des mémoires éponymes d’Amy Liptrot, publiées en 2017, The Outrun suit le combat contre l’alcool de Rona, une jeune Écossaise proche de la trentaine. Après une spirale infernale de soirées et d’excès à Londres, et une rupture amoureuse causée par son addiction, Rona retourne vivre chez sa mère dans les Orcades, des îles quasi désertiques au nord de l’Écosse. Loin de tout, elle tente d’affronter ses problèmes et revisite son passé.
Ce retour aux sources la force à faire face à sa dépendance, mais aussi à la bipolarité de son père et à sa relation avec sa mère, qui s’est réfugiée dans la religion. Seule, face à la force de la nature, Rona entame de nouveau une lutte pour sa sobriété.
Saoirse Ronan donne un autre visage à l’alcoolisme
À 30 ans, Saoirse Ronan livre ici peut-être la performance la plus poignante de sa carrière, pourtant déjà confirmée. Avec ce rôle, l’Irlandaise est pressentie pour une cinquième nomination comme Meilleure actrice aux Oscars 2025. Son personnage de Rona passe par toutes les couleurs de cheveux, et toutes les émotions. De l’ébriété festive à l’agressivité propre à l’alcoolisme, en passant par l’ennui profond et la folie, Saoirse Ronan montre toute la palette de son jeu d’actrice.
L’actrice a elle-même vu des proches affectés par cette addiction. Une expérience qui l’a motivée à être « aussi authentique que possible », comme elle l’a confié sur le plateau du Late Late Show de Patrick Kielty. « Lorsqu’on est de l’autre côté, il y a tellement de douleur, de confusion, de colère et de rancœur parce qu’on ne comprend pas pourquoi la personne s’inflige ça et vous inflige ça », a-t-elle expliqué. Avec ce film, Saoirse Ronan s’est dite enfin prête à s’imprégner de la psychologie des personnes qui souffrent d’alcoolisme.
La sincérité avec laquelle elle interprète ce personnage donne à voir un autre visage de ce problème de société, qui touchait 209 millions de personnes de plus de 15 ans en 2019 selon l’OMS. Dans les films et séries, l’addiction à l’alcool ou à la drogue chez les jeunes est souvent dépeinte sous le prisme de la fête, telle une descente aux enfers bruyante et chaotique. Hormis les quelques scènes de flash-back, The Outrun est un film contemplatif, où le silence et le calme règnent.
Une carte postale des Orcades
En plus d’apporter un regard émouvant sur la difficulté à rester sobre, The Outrun est également une carte postale majestueuse des Orcades. Les falaises, la force du vent et le ressac des vagues deviennent des personnages à part entière et font écho au dialogue interne de Rona.
Seules 22 000 personnes vivent sur cet archipel composé de 70 îles, dont seules 20 sont habitées. Fidèle au livre d’Amy Liptrot, la mythologie locale a toute sa place dans le film de Nora Fingscheidt. Les pérégrinations mentales de Rona nous en apprennent autant sur la résilience face à l’alcoolisme que sur les légendes ancestrales entourant les phoques de la mer du Nord. En plus de Mainland, l’île principale, The Outrun nous fait voyager au bout du monde à Papay (ou Papa Westray), où ne vivent que 90 habitants.
Isolée, soumise au bon vouloir de la nature, Rona va trouver en elle la force d’avancer. Alors qu’elle en est à quelques mois de sobriété, l’épicier de l’île compte la sienne en années. « Ça devient plus facile, mais jamais facile. Ça devient juste moins difficile », lui glisse-t-il au détour d’une conversation, avec son inimitable accent orcadien. Comme le film, il rappelle que l’alcoolisme touche aussi les jeunes et que la rémission n’en est pas plus simple. Le chemin est juste plus long.
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