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The Handmaid's Tale : "Avec cette série, nous faisons partie de la résistance"

Tout  sur la saison 2 et l'univers de la série sur thehandmaidstale.allocine.fr

ATTENTION SPOILERS, les paragraphes suivants contiennent des SPOILERS sur les deux premiers épisodes de la saison 2 de "The Handmaid's Tale"

Bientôt la fin de l'attente. Déjà hautement plébiscitée par la critique américaine, la saison 2 de The Handmaid's Tale s'apprête à dévoiler tous ses secrets aux téléspectateurs le 25 avril sur Hulu et, dès le 26 avril, sur OCS en US+24, avec un double épisode.

Placée sous le signe de la colère et de la grossesse de June, cette saison, encore plus sombre que la première, comprendra 13 épisodes, soit trois de plus. Là où la saison 1 adaptait le roman de Margaret Atwood, la saison 2 a dû s'en affranchir puisque l'auteure n'a jamais publié de suite. Pour autant, l'univers d'Atwood, ses idées et son aura transpireront au coeur de cette saison qui nous emmènera dans de nouveaux lieux, notamment dans les terribles Colonies où l'on retrouvera Emily et Janine. Cette saison nous amènera aussi à la rencontre de nouveaux personnages et nous offrira encore plus de flashbacks mais aussi des réponses quant au final de la saison 1, dans lequel notre héroïne était emmenée après avoir refusé de lapider son amie...

The Handmaid's Tale : Tout ce que l'on sait sur la saison 2

Qu'est-ce qui attend nos héroïnes dans ces nouveaux épisodes ? Quel genre de flashbacks faut-il espérer cette année ? Est-ce que les bouleversements de l'année 2017, comme l'élection de Donald Trump et les questionnements quant à la place et la vision des femmes dans nos sociétés, ont eu un impact sur l'écriture de la série ? Pour nous éclairer sur cette saison, nous avons pu rencontrer Bruce Miller, le créateur de The Handmaid's Tale, mais aussi deux des actrices du show : Alexis Bledel, l'interprète d'Emily, de nouveau au coeur de la saison, mais aussi Ann Dowd, qui campe la complexe Tante Lydia, la patronne des Handmaid... Rencontre ! 

Margaret Atwood, toujours au coeur de l'univers


Bruce Miller, le créateur de "The Handmaid's Tale" et ses acteurs aux Golden Globes

AlloCiné : La première saison était directement tirée du roman de Margaret Atwood, ce qui n'est pas le cas de la saison 2. Comment avez-vous fait pour continuer dans le même esprit et respecter l’univers de l'auteure ?

Bruce Miller : Laissez-moi vous dire que ce fut un grand moment de joie lorsque nous avons su que nous allions pouvoir tourner une seconde saison. Mais, ce fut aussi un grand moment de détresse car il m’a fallu immédiatement concevoir une suite au livre de génie de Margaret. Mais, quelque part, ça n'a pas été plus effrayant que lorsque nous avons pris le risque d'adapter son livre avec le maigre espoir de réussir notre coup. Evidemment, comme vous avez pu le constater avec les différents prix que nous avons obtenus, je crois que nous nous en sommes tirés au mieux.

Depuis 30 ans, je me suis toujours demandé ce qui se passait après la fin dramatique du bouquin. J’ai donc eu le temps d’analyser toutes les possibilités et j’espère que ce que nous avons créé est fidèle à l’univers du livre et vous surprendra. Je tiens également à ajouter qu’il y a des éléments, des chapitres du livre de Margaret que nous n’avions pas pu inclure dans la première saison. Cette nouvelle saison nous a donc permis de rajouter ce qui avait été mis de côté. Au final, je pense que cette seconde saison est dans la continuité naturelle et logique de ce que vous avez vu dans la première saison. Margaret, qui regarde tout ce que nous tournons, approuve d’ailleurs à 100% notre travail.

Parlez-nous plus en détails de votre collaboration avec Margaret Atwood...

Bruce Miller : Quand je serai grand, je veux être comme Margaret (rires). Margaret s’est impliquée à fond dans la production de la première saison. Pour la seconde saison, elle a choisi de nous laisser faire vraiment tout ce que nous voulions. Elle a fait quelques suggestions car elle a une imagination débordante mais elle nous a aussi encouragés à créer une suite selon notre inspiration. C’est rare que l’écrivain d’un livre aussi populaire vous offre sa totale confiance. Je suis toujours étonné par l’énorme travail qu’elle accomplit en lisant tous les scripts et en offrant simplement quelques notes à chaque fois. C’est merveilleux d’avoir une partenaire pareille et de pouvoir compter sur elle à tout moment [et de savoir qu'elle est là] si nous avons besoin d'elle.

Une scène d'ouverture qui annonce la couleur


Ann Dowd, alias Tante Lydia

Ann, parlez-nous de la scène "choc" qui ouvre le premier épisode de la saison 2...

Ann Dowd : Nous avons tourné cette scène dans le froid glacial de Toronto, au Canada, entre 04h et 05h du matin ! Inutile de vous dire que cela vous met dans une ambiance assez spéciale. Surtout pour une scène pareille où Tante Lydia semble superviser l’exécution des Handmaid qui avaient refusé de l’écouter à la fin de l’épisode final de la première saison ! Je pense que Lydia est encore sous le choc de la résistance rencontrée face à toutes ces femmes qui, au final, refusent d'exécuter ses ordres. Dans sa tête, Tante Lydia se doit de renforcer son contrôle. D’où cette scène choc qui débute la nouvelle saison de The Handmaid’s Tale.

Tante Lydia est un personnage fascinant dont on ne se sait rien. Allons-nous avoir droit à des scènes de flashbacks pour expliquer quel est son itinéraire ?

Ann Dowd : Non, en fait on ne va rien apprendre de plus sur son passé dans la saison 2. Je ne sais vraiment pas d’où elle vient… Et j’aimerais bien le savoir… Maintenant, si je me demande ce qui lui est arrivé, je ne peux qu’imaginer quelque chose comme ceci : elle est tombée amoureuse à un jeune âge, 12 ou 13 ans. Elle est ensuite tombée enceinte et, évidemment, on lui a pris son enfant, on l'a fait se sentir coupable et ensuite on l’a envoyée dans un couvent où, petit à petit, elle s’est renfermée sur elle-même. Elle a perdu la raison, voire le goût de la vie. J’ai moi-même grandi dans une famille ultra catholique où le sexe était totalement tabou. Donc, je ne peux que la comprendre et qu’imaginer l’humiliation qu’elle a dû subir. Au final, elle s’est réfugiée dans le seul amour à sa portée : celui de Dieu. De ce fait, sa vision du monde a changé et maintenant elle voit le péché partout et dans tous les visages qu’elle croise. Elle cherche à purifier le Monde et toutes ces âmes qui, selon elle, sont perdues en enfer.

Quelque part, aux yeux des dirigeants de Gilead, elle a perdu le contrôle des Handmaid à la fin de la saison 1, allons-nous la voir subir un châtiment pour cet échec au cours de la saison ?

Ann Dowd : Non, ce n’est pas le cas. Mais, de toute façon, personne n’a besoin de la punir car c’est le genre de personne qui se donne elle-même une punition pour la faute commise. Très certainement, elle a dû, suite à cette mini rébellion, suivre un jeûne sévère. Elle s’est peut-être même punie physiquement d’une manière plus extrême. Elle ne va pas attendre que quiconque la punisse, elle est son propre bourreau.

L'horreur des Colonies


Alexis Bledel, alias Emily
Alexis, votre personnage est, lui, envoyé dans les Colonies après toutes les horreurs déjà subies dans la saison 1. Est-ce que l’espoir fait vivre dans les Colonies… ou est-ce la fin d’Emily ?

Alexis Bledel :
(Rires) Non ce n’est pas la fin d’Emily... mais je ne peux pas vous révéler tous les rebondissements de cette nouvelle saison. Oui, l’espoir fait vivre et même si Emily est déprimée par ce qu’elle vit, elle trouve en elle la force de se battre et de protéger ses soeurs de misère dans les colonies. Elle trouve sa force dans l’injustice qu’elle subit. Elle sait qu’elle est dans son droit et qu’elle n’a fait aucun mal. De savoir ça lui donne la rage de vivre. Même si cette série est sombre et déprimante, il y a toujours un rayon de lumière qui maintient l’espoir en vie. En ces temps incertains, je crois qu’une série comme celle-ci est la bienvenue car elle maintient la flamme de la rébellion en nous tous.

Dans le deuxième épisode de la saison, on en apprend plus sur le passé d'Emily et l'on découvre comment elle a été séparée de sa femme et de leur enfant. Que pouvez-vous nous dire sur cette scène ? 

Alexis Bledel : Ce fut une scène tellement émouvante à tourner vu tout ce qui se passe en ce moment au niveau de l’immigration aux Etats Unis. C’est une scène où l’on voit notre couple déchiré par l’Etat totalitaire de Gilead qui condamne l’homosexualité et refuse de reconnaitre notre mariage. Ma femme et moi sommes forcées de nous séparer et je la perds ainsi que mon fils. Je vais ensuite finir dans les colonies où les "indésirables" sont envoyées pour traiter les déchets nucléaires et sont vouées à une vie misérable jusqu’à la mort puisque, là-bas, tout est radio-actif. Nous avons tourné cette scène à Toronto, au Canada.

Encore une fois, je tiens à souligner le réalisme de cette scène, à quel point il est prenant et devrait vous toucher droit au coeur. Pour moi, c’est important de montrer la famille que formait Emily avec sa femme et de montrer comment une famille gay est similaire à une famille hétérosexuelle. J’ai eu de nombreux messages d’encouragement de la communauté gay et je suis tellement heureuse que cette série supporte leur combat.

Place aux femmes


Une saison qui s'ouvre sur une scène capitale

Est-ce ce que les bouleversements que nous vivons en ce moment - entre l’Amérique de Trump et les divers mouvements comme "MeToo" ou "Time'sUp" - ont influencé l'écriture de la série ?

Bruce Miller : Il est évident que nous avons tous été fortement perturbé et retourné par tous les cas de harcèlement sexuels et [par l’affaire] Harvey Weinstein. Forcément, cela influence en partie notre écriture même si nous étions déjà en plein dans le sujet avec la première saison. De même avec Trump. Le livre a été écrit il y a plus de 30 ans et nous étions en plein dans la production de la première saison quand un "nouveau" vent politique s’est abattu sur les Etats Unis. 

Au-delà de l’écriture, nous faisons aussi encore plus attention aujourd’hui au fait d'inclure les femmes et de les mettre dans des positions fortes dans la production de notre série. Nous avons ainsi une majorité de femmes qui écrivent les scripts, un casting fait de femmes impressionnantes et, dans de nombreux postes de production, on trouve également des femmes qui gèrent à merveille la bonne mise en boite de la série. De toute façon, avec cette série, nous sommes dans une situation où, sans les femmes, nous ne serions RIEN. C’est tout de même le point de vue des femmes qui sont le coeur et le moteur de Handmaid’s Tale. Avec cette série, je pense que nous faisons partie de la "résistance". J’espère que ce show inspire les gens à toujours faire face à toute forme d’oppression. 

Alexis, est-ce important pour vous de jouer ce rôle à un moment où les femmes se révoltent contre les injustices faites à leurs égard ?

Alexis Bledel : Oui, c’est primordial de se battre pour les femmes, plus que jamais, et je suis fière d’incarner un personnage qui montre qu’il faut se hisser contre l’injustice. Cette série est une fable qui nous rappelle que nous devons toujours être vigilants face aux monstruosités infligées par certains individus aux femmes. Je suis fière de cette série et du courage qu’Emily inspire.

Ann, vous concernant et dans ce même contexte, est-ce dur de jouer un rôle tel que celui de Tante Lydia ?

Ann Dowd : Oui et non. Evidemment que le public déteste Lydia pour la peine qu’elle inflige aux autres. Mais, en même temps elle est victime de son passé, elle a été broyée et elle ne sait plus vraiment discerner le bien du mal. Tout n’est que péché dans ce monde à la dérive et elle se doit de punir ceux qu’elle juge coupables. J’aime jouer Lydia car c’est un rôle tellement complexe, cela me force à puiser au fond de mon âme pour la trouver et lui donner vie. Une vie certes torturée mais une vie tellement riche en rebondissements à venir…


Emily et sa famille

Bruce, envisagez-vous encore plusieurs autres saisons à "The Handmaid’s Tale" ?

Bruce Miller : Je pense que nous verrons un jour le déclin et la fin de la République de Gilead ! Et je peux également imaginer le jugement public de nombre des protagonistes qui ont abusé de leur pouvoir. Je pense que nous avons devant nous encore pas mal de choses à dire et à explorer. Donc, je vois mal comment nous pourrions tenir uniquement sur deux ou trois saisons de plus. Avec le climat politique que nous traversons aux Etats-Unis, je suis certain d’avoir une source d’inspiration permanente au moins jusqu’en 2020 !

Avez-vous été surpris par le succès de la série ?

Bruce Miller : Je ne suis pas surpris par le succès que le livre a reçu non-stop depuis 30 ans. Mais, mettre ce livre en images était un vrai pari que nous avons gagné. Et cela a été un peu une surprise de constater à quel point le public est passionné par notre série. Par exemple, personne ne pouvait imaginer que certaines personnes puissent porter l’uniforme des Handmaid en manifestant dans les rues pour la "Marche des Femmes". Et ceci, de par le Monde ! Certaines expressions que nous utilisons comme "Praise Be" sont également reprises par certains dans leur échanges quotidiens.

En quelque sorte, cela a permis au livre de devenir "vivant". Donc, je suis impressionné par l’impact que nous avons auprès des gens et j’espère que cela permet de continuer le débat et de redonner un certain espoir à toutes les femmes du Monde qui se battent pour leur liberté. Au final, j’avoue avoir eu de la chance avec cette série car, quand vous tournez un nouveau show, vous ne pouvez jamais savoir s'il va être bien reçu ou pas.

La saison 2 de "The Handmaid's Tale" démarre en France le 26 avril, sur OCS :