The Bay sur France 2 : que vaut la série anglaise dans la lignée de Broadchurch ?

France 2 lance ce lundi 16 septembre la série britannique "The Bay", dont le point de départ n'est pas sans rappeler une certaine "Broadchurch". Est-elle à la hauteur de son aînée ?

De quoi ça parle ?

Assignée au service des personnes disparues à Morecambe Bay, Lisa Armstrong doit apporter son soutien aux familles au pire moment de leurs vies. Entraînée à ne jamais s'impliquer émotionnellement, il lui faut rester attentive au moindre indice susceptible d'aider à faire avancer l'enquête. Sa situation est cependant compromise quand elle découvre qu’elle a un lien de parenté avec deux jumeaux disparus...

Tous les lundis soirs sur France 2 à partir de 21h. 6 épisodes.

C'est avec qui ?

The Bay bénéficie d’une distribution composée de quelques visages familiers pour les téléspectateurs friands de séries britanniques, avec notamment Morven Christie, une habituée du petit écran qui a joué Amanda Hopkins dans les trois premières saisons de Grantchester. Elle donne ici la réplique à Jonas Armstrong, un acteur irlandais aperçu dans Edge of Tomorrow et la série Hit and Miss, mais aussi Matthew McNulty (Misfits, Versailles) et Art Parkinson, le jeune Rickon Stark de Game of Thrones.

ça vaut le coup d'oeil ?

On ne compte plus le nombre de polars britanniques puis de toutes nationalités qui ont basé leur intrigue sur une disparition ou un meurtre d'enfant depuis les succès de The Killing en 2007 et Broadchurch il y a déjà six ans alors que le sujet était considéré comme tabou et trop sombre pour la télévision auparavant. Et parmi toutes ces propositions, bien peu ont réussi à atteindre le même niveau d'écriture et une aussi forte teneur émotionnelle que la série avec David Tennant et Olivia Coleman, qui devait justement beaucoup à ses impeccables interprètes. Si The Bay semble avoir réussi à convaincre le public en terme d'audiences outre-Manche, elle n'en est qu'une bien pâle copie.

Si l'on devait élaborer une théorie pour expliquer ce semi-ratage, on dirait que le scénaristes ont cherché de quelle manière ils pourraient reproduire le succès de Broadchurch tout en maquillant leur proximité par petites touches. Ce qui a pour résultat de transformer ses principales forces en faiblesses. Il y a d'abord l'idée de ne pas avoir un mais deux disparus qui se trouvent être des jumeaux, un garçon et une fille. Il est vrai que ce coup-là, on ne nous l'avait pas encore fait ! Sauf que plutôt que d'être multipliés, les enjeux s'en retrouvent dilués. L'affaire se déroule aussi dans une jolie petite ville en bord de mer, qui nous offre des vues magnifiques entre deux scènes, mais aucune atmosphère particulière ne s'en dégage. Les lieux sont désincarnés et le titre même de la série, The Bay, ne renvoie à rien. Broadchurch jouait sur la petite communauté secouée par un événement tragique. A Morecambe, il n'y a bien que les principaux intéressés qui semblent touchés.

Parlons-en, des principaux intéressés. A commencer par la famille au coeur de l'histoire, dont chacun des membres, surtout les parents, est détestable au possible, dans l'hystérie constante face aux autorités. Ils ne sont vraiment pas finauds, et cela devient rapidement très irritant. Ainsi, la série n'a de cesse de troquer l'émotion contre la colère, à l'exception du dernier épisode, plus touchant. Les personnages d'adolescents, très présents, ne valent guère mieux et manquent cruellement d'épaisseur. Du côté de la police, tous les efforts des scénaristes sont concentrés sur l'héroïne Lisa Armstrong, laissant sur le bas côté aussi bien son partenaire que ses autres collègues. Cela aurait pu avoir du sens si le personnage sortait des sentiers battus, mais il n'a rien de très original, en dehors de son secret, plutôt bien mené par ailleurs tout au long des épisodes. Elle finit par être attachante, mais trop tard. A l'image de la saison dans sa globalité, qui n'abat ses meilleures cartes que sur la fin.