En Thaïlande, une reine est morte noyée, car personne n’avait le droit de la toucher

L’histoire des monarchies est semée de décisions royales qui élèvent le souverain au rang semi-divin. Sous la monarchie absolue de droit divin de l’Ancien Régime, le roi de France était considéré comme l’envoyé de Dieu sur son royaume. Et parfois, cette vision extrême du pouvoir a pu donner lieu à des épisodes étonnants et tragiques. Ce fut notamment le cas à des milliers de kilomètres de chez nous, en Thaïlande, où à la fin du XIXe siècle, une reine est morte simplement parce que ses sujets avaient interdiction de pouvoir la toucher.

Pour comprendre les raisons de ce funeste accident, il faut remonter à l’arrivée au pouvoir comme roi de Siam (le nom de la Thaïlande à l’époque) de Rama V, cinquième roi de la dynastie Chakri en 1868. Sous son règne, il entreprend la modernisation du pays et est vu comme un roi réformateur. Premier roi de Siam à entreprendre des voyages à l’étranger (reflet de son éducation européenne par la gouvernante britannique Anna Leonowens), il modernise l’administration et abolit l’esclavage en 1895. Au cours de sa vie (il meurt le 23 octobre 1910 à l’âge de 57 ans), Rama V aura épousé 92 femmes : 36 d’entre elles lui donneront en tout 77 enfants. L’une d’entre elles n’était autre qu’une de ses demi-sœurs, Sunandha Kumariratana. Rama V épousera quatre autres de ses demi-sœurs, mais Sunandha Kumariratana connaîtra la postérité du fait de sa mort précoce et surtout stupide.

Si Rama V se veut réformateur de la sphère publique, à son arrivée sur le trône il ne (...)

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