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Le parquet antiterroriste se saisit de l'enquête sur Villejuif

LE PARQUET ANTITERRORISTE SE SAISIT DE L'ENQUÊTE SUR VILLEJUIF

CRETEIL (Val-de-Marne) (Reuters) - Le parquet national antiterroriste a repris la main, samedi, sur l'enquête ouverte à la suite de l'attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés vendredi à Villejuif (Val-de-Marne).

Cette décision a été prise à la lumière des premiers éléments issus des investigations, notamment concernant la "radicalisation" de l'assaillant, converti à l'islam, et son niveau de préméditation, est-il précisé dans un communiqué du parquet.

C'est un tournant dans le dossier, qui avait été confié au parquet de Créteil dans la foulée de l'agression, survenue dans un jardin public de la proche banlieue de Paris.

Il s'agit désormais d'une enquête pour "assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteur terroriste criminelle".

"Si les troubles psychiatriques importants de l'auteur des faits sont avérés, les investigations des dernières heures ont permis d'établir une radicalisation certaine du mis en cause ainsi qu'une préparation organisée de son passage à l'acte", explique le parquet dans son communiqué.

"Elles ont aussi démontré un parcours meurtrier réfléchi et sélectif de nature à troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur", ajoute-t-il.

Plusieurs éléments laissent penser que l'assaillant, identifié comme Nathan C., a probablement médité son geste, dont un testament retrouvé dans un sac lui appartenant et l'état de son appartement, qui avait été partiellement vidé avant son passage à l'acte.

"UN PARCOURS D'UNE EXTRÊME VIOLENCE"

L'attaque s'est produite en tout début d'après-midi dans le parc des Hautes-Bruyères, à la lisière de Villejuif et de L'Haÿ-les-Roses.

Nathan C., revêtu d'une djellaba, s'en est pris à un premier passant, qu'il a finalement épargné après lui avoir demandé de réciter une prière en arabe, puis a agressé un couple aux cris d'"Allah akbar", faisant alors un mort et un blessé.

Le suspect, né en 1997, a ensuite touché une autre passante avant d'être abattu par les policiers de la brigade anti-criminalité.

"Ce parcours était un parcours d'une extrême violence, d'une extrême détermination", selon la procureure de Créteil, Laure Beccuau, qui s'est exprimée lors d'une conférence de presse.

Les policiers ont retrouvé dans le parc un sac contenant notamment un exemplaire du coran, quelques "ouvrages qu'on peut qualifier de salafistes" ainsi qu'une "lettre testamentaire", a précisé Philippe Bugeaud, de la police judiciaire, lors de cette même conférence de presse.

Le nom de l'assaillant, qui se serait converti à l'islam entre mai et juillet 2017, n'apparaissait dans aucun fichier des services de renseignement.

C'est l'un des éléments de son profil, qui est également celui d'un homme souffrant de troubles psychiatriques lourds détectés par sa famille dès l'âge de cinq ans.

Selon la procureure de Créteil, ces troubles, ajoutés à sa consommation de stupéfiants, ont perturbé les études puis l'entrée dans la vie professionnelle de ce jeune homme, pourtant "brillant" sur le plan intellectuel.

(Anthony Paone à Créteil et Simon Carraud à Paris)