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"Le pass est devenu une passoire sanitaire" : l'allègement des mesures fait bondir les médecins

Photo d'illustration

L'assouplissement du pass sanitaire annoncé par Olivier Véran a du mal à passer auprès des médecins.

Les règles sont assouplies pour obtenir son pass sanitaire. Les tests Covid négatifs de moins de 72h sont finalement valables, contre 48h initialement. Autre mesure prise pour faciliter l'accès au pass sanitaire, les auto-tests réalisés sous la surveillance d'un professionnel de santé permettent également d'obtenir son pass sanitaire, en plus des tests PCR et antigéniques.

"Un test valable 72h ne garantit pas la non-contagiosité"

Un allègement qui suscite la colère de nombreux médecins, qui estiment que le pass sanitaire perd de son intérêt. "On prolonge la durée de validité du test négatif, alors qu'on sait que cette durée de 72h ne garantit pas que la personne ne soit pas contagieuse, surtout avec le variant Delta", déplore le docteur Clarisse Audigier-Valette.

Plusieurs études montrent qu'avec le variant Delta, une personne contaminée serait contagieuse deux jours plus tôt qu’avec la souche originelle, donc bien plus rapidement après l'infection. C'est ce qui poussait certains médecins à demander de réduire le temps de validité d'un test négatif pour le pass sanitaire. À contre-courant, le gouvernement a donc décidé d'augmenter la durée de validité de 48h à 72h, alors que les Pays-Bas ont par exemple réduit à 24h la durée de validité des tests permettant le pass sanitaire, après de nombreux cluster dans des lieux où s'imposait le pass.

La fiabilité des autotests en doute face au variant Delta

L'élargissement du pass sanitaire aux autotests n'a pas davantage les faveurs de la spécialiste. "On autorise les autotests pour le pass sanitaire, mais on précise qu'ils ne sont pas valables pour les voyages à l'étranger ou vers la Corse. Cela veut tout dire sur leur efficacité", poursuit la responsable de l’unité "Covid pneumo" au centre hospitalier de Toulon.

En effet, selon un message de la Direction Générale de la Santé, les autotests "ne sont pas reconnus comme preuve pour le passe sanitaire dans le cadre des voyages vers l’étranger, entre la métropole et les outremers et Corse", mais ne servent qu'au pass sanitaire "activité" dont les restaurants et cinémas font partie. Ce message précise qu'ils sont autorisés dans le cadre du pass sanitaire pour "renforcer l’offre de dépistage sur le territoire national pour répondre à une demande qui devrait s’intensifier".

Pour être commercialisés, les autotests doivent être "en mesure de détecter la présence du virus chez une personne effectivement malade dans 80% des cas a minima", précise le ministère de la Santé sur son site.

Un pass sanitaire dénaturé ?

Deux décisions qui aggravent un peu plus une autre mesure annoncée il y a plusieurs semaines, qui entre en vigueur ce lundi et qui achève un peu plus le pass sanitaire aux yeux des soignants : la possibilité de mettre fin au port du masque dans les lieux où le pass sanitaire s'applique.

"À l'origine, l'objectif du pass sanitaire est de sécuriser les lieux où le masque ne peut pas être porté en continu, comme les restaurants. Finalement, le gouvernement voit le pass comme une possibilité d'ôter le masque, ils enlèvent tout l'intérêt du pass sanitaire", regrette Michaël Rochoy, chercheur en épidémiologie, qui craint les conséquences de cette décision.

"On va mettre en danger des gens non-vaccinés"

"L'autotest et le délai porté à 72h pour un test négatif dénaturent cette protection que permettait le pass. Avec cette version allégée du pass sanitaire, on va mettre en danger des gens non-vaccinés qui pourront être contaminés puisque le masque ne sera plus obligatoire. Cela va entrainer des clusters. Le pass sanitaire est devenu une passoire sanitaire". Un assouplissement du pass sanitaire et la possibilité d'enlever le masque qui inquiète en EHPAD, comme l'indique le médecin en soins palliatif Laurent Fignon.

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Si la vaccination empêche de faire des formes graves de la maladie, elle n'empêche pas la transmission du virus. Seul le port du masque permet d'éviter de transmettre le virus autour de soi. Une personne non-vaccinée dans une pièce avec des personnes sans masques risque donc de contracter le virus et surtout de faire une forme grave.

Vers un pass vaccinal ?

"Enlever le masque entre vaccinés, cela ne pose pas de problème car même si l'un est positif et sans masque, il transmettra le virus à des personnes protégées contre le risque de formes graves de la maladie, rappelle le docteur Clarisse Audigier-Valette. "Mais comme tout le monde n'est pas vacciné, permettre d'enlever le masque dans des lieux avec le pass sanitaire, qui est en plus allégé, renforce un peu plus l'exposition au virus des non-vaccinés" poursuit la responsable de l’unité "Covid pneumo" au centre hospitalier de Toulon.

La solution pourrait donc être de passer d'un pass sanitaire à un pass vaccinal. New York vient de prendre une telle décision et demandera une preuve de vaccination à partir du 13 septembre pour accéder aux restaurants et aux salles de sport notamment.

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