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Terrorisme, réseaux sociaux, rayons communautaires: ce qu'il faut retenir de l'interview de Darmanin

Le ministre de l'Intérieur sur notre antenne ce mardi soir. - BFMTV
Le ministre de l'Intérieur sur notre antenne ce mardi soir. - BFMTV

Les réseaux sociaux ont-il une responsabilité dans l'assassinat de Samuel Paty? L'État agit-il suffisamment pour éliminer l'islamisme radical du territoire? Face à l'actualité brûlante de ces derniers jours, le ministre de l'Intérieur a répondu pendant près de deux heures aux questions de nos journalistes dans le cadre de l'émission "Face à BFM". Voici les principaux points à retenir de cette soirée.

· La "responsabilité énorme" des réseaux sociaux dans l'attentat de Conflans

Sur le rôle des réseaux sociaux dans l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), Gérald Darmanin pointe du doigt la responsabilité des réseaux sociaux, déclarant:

"C'est plus teIlement dans les mosquées qu'on apprend à se radicaliser (...) L'imam internet est bien plus puissant, bien plus insaisissable. Les réseaux sociaux ont une responsabilité énorme dans la mutation du terrorisme et de la radicalisation. Les officines - ces associations que nous essayons de dissoudre - sont désormais bien plus efficaces que quelques mosquées cachées à l'ancienne", s'inquiète-t-il.

· Vers une nouvelle loi pour encadrer les réseaux sociaux

Après la censure de la loi Avia sur les contenus haineux en ligne, Gérald Darmanin dit "regretter" la décision du Conseil constitutionnel. Ce dernier reconnaît toutefois que "la loi peut être améliorée." Il confirme que le texte sur le séparatisme comportera "une formule plus efficace" de la loi Avia.

"La liberté d'expression a une limite, c'est l'ordre public", a-t-il rappelé.

Sur la plateforme Pharos (plate-forme d'harmonisation, d'analyse, de recoupement et d'orientation des signalements), le ministre annonce que lui et Marlène Schiappa "vont travailler pour qu'elle travaille 24 heures du 24 désormais" et "cent personnes supplémentaires dès la fin de l'année pour regarder ces signalements".

· En trois ans, 358 lieux fermés et 428 expulsions

Depuis trois ans, "358 lieux (structures, associations culturelles, commerces) ont été dissous" et "428 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés du territoire national" a souligné à notre antenne Gérald Darmanin.

"Aucun Président de la République, aucun gouvernement n’a fait autant", s'est-il félicité.

"Parfois les choses ne se voient pas trop, car par définition les choses discrètes ne se disent pas trop, les services de renseignement ne font pas des conférences de presse tous les jours pour dire qu'ils expulsent quasiment quotidiennement des personnes", a-t-il tenu à souligner.

· Certains supermarchés "gagnent de l'argent sur le communautarisme"

Interrogé sur de récents propos tenus au micro d'Europe 1 concernant des supermarchés qui se serviraient du communautarisme pour gagner de l'argent, Gérald Darmanin a déclaré:

"Ca m'a toujours choqué de rentrer dans un hypermarché et de voir qu'il y a un rayon de telle cuisine communautaire. C'est comme ça que ça commence le communautarisme", ajoutant qu'il s'agit de "son opinion", "le ministre de l'Intérieur ne fait pas la loi, ce sont les parlementaires qui l'a font."

Et de poursuivre: "le capitalisme français, mondial a une responsabilité. Quand on vend des vêtements communautaires, peut-être qu'on a une petite responsabilité dans le communautarisme. Lorsqu'on prête de l'argent à des associations, ou a des entreprises communautaires... Ce n'est pas parce qu'on a des parts de marché en flattant quelques bas instincts qu'on a rendus service au bien commun."

De son "avis personnel", Gérald Darmanin juge que "de grandes entreprises ont organisé le marketing direct" pour "gagner de l'argent sur le communautarisme."

"Moi personnellement, ça me choque et permettez moi de dire que si on doit demander des comptes aux responsables politiques, on peut aussi dire au capitalisme qu'il peut être, de temps en temps, patriote."

· "Il faut accepter qu'il puisse y avoir des attentats"

En revenant sur l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, Darmanin a estimé qu'on était "à la quatrième génération de jihadisme, après Khaled Kelkal en 1995, "l'attentat des Twin Towers" en 2001, les attentats de 2015. "L'assassin de vendredi est sans doute le premier d'une nouvelle série."

"Quelqu'un qui commet un acte, qui manifestement n'est pas commandé de l'étranger, qui réagit non pas à une fatwa de l'extérieur, mais de personne qui sont sur le sol national", analyse-t-il.

Le ministre de l'Intérieur a tenu à prévenir les Français: des attentats auront encore lieu sur le sol français: "La question n'est pas de savoir s'il va y avoir un attentat, mais quand", a-t-il insisté.

"Quand on fait le procès de Charlie Hebdo, quand on republie les caricatures (de Mahomet), oui, des gens ne l'acceptent pas (...). Nous sommes en guerre, il faut accepter qu'il puisse y avoir des attentats", a-t-il dit.

Soulignant l'augmentation des moyens alloués aux forces de sécurité depuis le début du quinquennat, il a déclaré: "entre le terrorisme et rien, il y a le séparatisme".

Article original publié sur BFMTV.com