"Terrifiant", "monstrueux"... L'émotion de la classe politique après la mort d'une infirmière agressée au couteau
Un drame "inqualifiable", "inadmissible" et d'une "grande tristesse". Quelques heures après le décès de l'infirmière, agressée au couteau lundi soir au CHU de Reims par un homme souffrant de troubles psychiatriques, les politiques ont réagi avec émotion.
L'infirmière, âgée de 37 ans est décédée "en milieu de nuit", a fait savoir le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, ce mardi matin, indiquant que "les faits reprochés au gardé à vue" avaient été "requalifiés en assassinat".
"L'agression d'un soignant est inqualifiable"
Une secrétaire médicale a également été blessée lors de cette agression, qui a eu lieu lundi en début d'après-midi au sein de l'unité "Médecine et santé au travail" de l'hôpital, quand un homme de 59 ans, rémois, avec des antécédents psychiatriques, a attaqué au couteau les deux victimes.
Faisant part de sa "grande tristesse", la cheffe du gouvernement Elisabeth Borne a associé ce drame à la mort de trois policiers du Nord dimanche dans une collision et à celle d'un agent de la Direction interdépartementale des routes Atlantique (Dira) fauché par une voiture lundi en Charente-Maritime. "Leur engagement au quotidien est essentiel au bon fonctionnement de notre pays", a insisté la Première ministre dans un communiqué.
"L'agression d'un soignant est inqualifiable, inadmissible", a déclaré son ministre de la Santé, François Braun, au salon annuel de la Fédération hospitalière de France (FHF), Santexpo, porte de Versailles à Paris, où une minute de silence a été organisée. "Le temps est maintenant au recueillement."
Des "troubles sévères"
Le ministre, qui s'est rendu lundi soir à l'hôpital de Reims, a assuré qu'une réunion serait organisée dans la semaine avec les professionnels du secteur afin de mettre en oeuvre "l'ensemble des mesures utiles pour préserver la sécurité et préserver la vie de nos soignants".
Une minute de silence a été respectée à 13h30 dans l'hôpital, en mémoire de cette soignante, Carène Mezino, décédée malgré "les nombreuses heures de prise en charge au bloc opératoire et en réanimation", a annoncé le CHU dans un communiqué.
Le président de la FHF, Arnaud Robinet, maire de Reims, a adressé mardi ses "pensées" à "la communauté hospitalière" ainsi qu'à la famille de l'infirmière. Le mis en cause, rapidement interpellé, "semble avoir agi sans mobile apparent, d'autant qu'il n'avait pas de rendez-vous dans ce service", avait indiqué le procureur de Reims lundi. Il a agressé les deux femmes "alors qu'elles étaient dans un vestiaire" de l'hôpital.
Cet homme "semble souffrir de troubles sévères et fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée". L'enquête est confiée au commissariat central de Reims.
Un "grand plan psychiatrie" réclamé
L'agresseur présumé avait bénéficié en juin 2022 d'un non-lieu "pour irresponsabilité pénale" après avoir été "mis en examen à Châlons-en-Champagne pour des faits de violences aggravées", avait ajouté le procureur. "Ce dossier devait tout prochainement être évoqué par la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Reims pour statuer sur les mesures de sûreté susceptibles d'être prises", avait-il précisé.
Le patron de LR Éric Ciotti a demandé sur RMC-BFMTV "un grand plan psychiatrie" après ce "terrifiant meurtre". Le deuxième syndicat du secteur, Force Ouvrière, a réclamé "des actes politiques forts, des moyens pour l'hôpital" après "cet acte monstrueux", dénonçant "la situation catastrophique de la prise en charge des malades mentaux dans nos établissements psychiatriques".
Si les incivilités sont fréquentes dans les hôpitaux, les agressions graves sur des personnels soignants dans les établissements de santé restent relativement rares. Les attaques les plus dramatiques ont eu lieu dans des établissements psychiatriques. En 2002, à Bron (Rhône), un infirmier avait été mortellement blessé au couteau par un homme de 19 ans soigné pour schizophrénie.
Deux ans plus tard, une infirmière et une aide-soignante de Pau (Pyrénées-Atlantiques) avaient été tuées durant leur nuit de garde par un ancien patient de 21 ans, souffrant lui aussi de schizophrénie.