Tentative d'assassinat présumée de Donald Trump: des conséquences sur l'élection présidentielle?
Si la tentative d'assassinat présumée de Donald Trump permet au républicain de mobiliser ses partisans, les conséquences de ce nouveau rebondissement dans la campagne électorale sur le scrutin du mardi 5 novembre pourraient être limitées.
Un nouveau rebondissement dans une campagne électorale complètement folle. Cible d'une tentative d'assassinat en juillet, Donald Trump a de nouveau été menacé de mort ce dimanche 15 septembre, quand un homme armé s'est rapproché à 300 mètres de lui sur le parcours de son club de golf en Floride. Si le suspect a été interpellé sans avoir pu tirer sur Donald Trump, le FBI a ouvert une enquête sur "ce qui semble être une tentative d’assassinat" de l'ancien président.
Ce nouveau coup de théâtre pourrait cependant avoir des conséquences limitées sur le déroulement et le résultat du scrutin prévu dans 49 jours, le 5 novembre prochain, estime au micro de BFMTV Lauric Henneton, maître de conférences en études américaines à l’université de Versailles - Saint-Quentin-en-Yvelines.
Car à la différence de la tentative d'assassinat en Pennyslvanie, aucune image de la scène n'a été publiée et Donald Trump n'a pas été blessé. "D'une certaine manière, la crise du jour est donc un peu moins grave que celle de juillet, qui n'a eu aucun impact dans les sondages", explique-t-il.
"À part alimenter la rhétorique classique de 'je suis un martyr, ils veulent m'abbatre, je suis gênant [pour le système]', on va passer à la polémique suivante dans les prochains jours", veut croire Lauric Henneton.
Trump blâme Biden et Harris
Donald Trump a directement imputé ce lundi aux attaques du président sortant Joe Biden et de son adversaire démocrate, la vice-présidente Kamala Harris, la tentative d'assassinat présumée le visant. "À cause de ce discours de la gauche communiste, les balles sifflent et cela ne va faire qu'empirer", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
"J'ai toujours condamné la violence politique. Je la condamnerai toujours", a réagi le président démocrate, appelant à régler les différends entre Américains "de manière pacifique dans les urnes, pas sous la menace d'un fusil".
Qu'importe. Donald Trump utilise déjà cette tentative d'assassinat présumée comme un élément de sa campagne. "Je ne me rendrai jamais", a-t-il promis, faisait écho aux premiers mots dits par le candidat républicain, le poing levé, après avoir reçu une balle au niveau de l'oreille mi-juillet: "Fight, Fight, Fight".
"N'importe quel petit paramètre peut changer" la donne
De quoi mobiliser ses troupes et convaincre les indécis? Aucun sondage n'a été réalisé depuis le dimanche 15 septembre. Mais la dernière étude d'Ipsos publiée par l'agence de presse Reuters au lendemain du débat organisé par ABC donnait une légère avance au niveau national à Kamala Harris.
Surtout, elle montrait que seulement 65% des personnes interrogées étaient certaines de se rendre aux urnes. Un sondé sur dix affirmait qu'il allait "sans doute" voter début novembre et 5% "ne savaient pas".
Parce que le suffrage universel indirect est la règle pour la présidentielle aux États-Unis, cet électorat qui n'est pas sûr de se mobiliser le mardi 5 novembre pourrait être décisif dans les États-clés, les fameux Swing States. Le personnage de "martyr" incarné par Donald Trump pourrait les convaincre à voter pour le républicain... comme tout autre élément de la campagne.
"N'importe quel petit paramètre peut changer [la donne]. Quand Donald Trump dit qu'il déteste Taylor Swift, ça peut avoir son petit impact, de la même manière que l'affection débordante d'Elon Musk à l'égard" du républicain, assure Lauric Henneton. "Ça va basculer d'un côté ou d'un autre pour 3.000 ou 10.000 voix" dans quelques États, "c'est extrêmement serré", rappelle le maître de conférences en études américaines.
Selon l'agrégateur de sondages réalisé par Decision Desk HQ pour le média spécialisé The Hill, la probabilité d'une courte victoire de Kamala Harris en novembre est de 55%. Pour remporter l'élection, 270 grands électeurs sont nécessaires. Si le républicain devrait en obtenir au moins 219 et la démocrate 226, tout se jouera dans 8 Swing States qui donnent derniers 93 grands électeurs.
En 2020, Joe Biden avait été élu face à Donald Trump avec une très courte avance combinée de 42.918 voix en Arizona, Géorgie et dans le Wisconsin. Pourtant, au niveau national, le démocrate avait obtenu plus de 81 millions de votes, contre 74 millions pour son rival. Aux États-Unis, 0,027% des votants peuvent en effet décider du sort de l'élection présidentielle. Et faire basculer l'histoire.