Tentative d'assassinat de Donald Trump: des failles de sécurité du Secret service?
Donald Trump a frôlé la mort samedi. Le meeting du candidat républicain à la Maison Blanche, à Butler en Pennsylvanie, a été brutalement interrompu par des tirs. Un jeune homme de 20 ans - identifié comme étant Thomas Matthew Crooks - a tenté d'assassiner l'ancien président à l'aide d'une carabine automatique AR-15.
Si Donald Trump n'a finalement été que légèrement blessé à l'oreille droite, la fusillade a fait plusieurs blessé et un spectateur du meeting a été tué.
"La munition de l'AR-15, de calibre 5,56 mm, c'est une arme de guerre, donc une arme létale", rappelle le général Jérôme Pellistrandi sur BFMTV. Donald Trump a eu "énormément de chance", estime-t-il.
Le déroulement de cet événement tragique, au cours duquel le tireur a été abattu, laisse perplexe quant à l'organisation de la sécurité de l'ancien locataire de la Maison Blanche.
"La première erreur, c'est la reconnaissance"
"Je pense que la première erreur, c'est la reconnaissance. C'est l'équipe qui vient sur le terrain et qui voit où doit se positionner monsieur Trump", estime Daniel Cerdan, ancien membre du GIGN, toujours sur BFMTV.
Le tireur a pu se retrouver sur le toit d'un bâtiment à seulement 150 mètres environ de Donald Trump et de son estrade.
"L'AR15, il a été créé en 1959, c'est une arme qui peut tirer jusqu'à 500 mètres. Là, la première erreur, c'est que sur ce hangar, il y aurait dû y avoir de la sécurité américaine", pointe l'auteur de "GIGN engagé pour la vie".
Le procureur du comté de Butler, Richard Goldinger, s'est dit "surpris" dimanche, au micro de la chaîne MSNBC, que le tireur "ait pu monter sur ce toit et tirer". "Je sais que nous avions des membres des forces de l'ordre dans ce bâtiment, il est donc d'autant plus surprenant qu'il ait réussi à monter là-haut", a-t-il précisé, indiquant qu'il s'agissait d'une verrerie, rapporte l'AFP.
Par ailleurs, certaines personnalités, comme Barack Obama par exemple, s'exprime régulièrement derrière une vitre pare-balles. Ce n'était pas le cas de Donald Trump en Pennsylvanie.
"On a l'impression que ce sont des amateurs"
Outre la reconnaissance, le Secret service, l'agence en charge de la protection des hautes personnalités politiques aux Etats-Unis, a semblé gérer avec difficulté la situation, une fois la fusillade enclenchée.
"Il y a en France la mallette Kevlar (long gilet pare-balles dépliable, NDLR). Quand vous les voyez mettre les mains pour essayer de protéger… ça manque d'entraînement", constate Daniel Cerdan à propos des agents du Secret service, visiblement peu équipés.
Plaqué à terre par le service de sécurité, Donald Trump s'est ensuite relevé avec l'aide de ces agents l'entourant pour servir tant bien que mal de bouclier humain et disposant leurs mains devant la tête de l'imposant candidat pour tenter de le protéger.
"Monsieur Trump, qu'il soit gros, qu'il soit grand, qu'il soit fort, avec tout ce qu'il y a autour, on ne doit pas le laisser debout", assure Daniel Cerdan. "Là, on a l'impression que ce sont des amateurs", ajoute-t-il.
"L'évacuation en véhicule, c'est d'une fébrilité complètement incroyable"
Selon l'ancien membre du GIGN, des gardes du corps auraient pu être placés plus près de Donald Trump, "sur le podium". Il considère qu'une "glace pare-balles" aurait aussi pu être installée devant lui, comme celle venant protéger le pape.
"Et puis vous ne mettez pas qu'un tireur et un observateur", s'indigne Daniel Cerdan. Pour contrôler les environs et arrêter un individu dangereux, seul un tireur d'élite accompagné d'un observateur pour scruter le meeting et ses abords étaient visiblement installés sur le toit d'un bâtiment.
Par ailleurs, l'évacuation de Donald Trump semble avoir aussi été laborieuse.
"Faut quand même souligner que l'agent qui était derrière a mis à peine une seconde pour venir. Mais la partie évacuation en véhicule, c'est d'une fébrilité complètement incroyable", estime surpris le général Jérôme Pellistrandi.
"Il y a eu un mort et des blessés, c'est là qu'on voit qu'il y a des failles dans le processus de sécurité", conclut-il.
Un nombre de coups de feu "surprenant"
Depuis cette tentative d'assassinat, le Secret service fait l'objet de nombreuses critiques. D'autant plus que des partisans de Donald Trump présents sur place précisent avoir aperçu pendant plusieurs minutes l'agresseur Thomas Matthew Crooks sur le toit d'un bâtiment et avoir tenté de le signaler au service de sécurité.
"Nous avons remarqué le gars qui rampait. Nous l'avons montré du doigt. Nous pouvions clairement le voir avec un fusil", témoigne l'un deux.
Le Secret service, fort de plus de 6.000 membres, doit assurer la sécurité du président en exercice mais aussi des candidats à la Maison Blanche et des anciens présidents. Sa directrice Kimberly Cheatle doit être auditionnée par une commission de la Chambre des représentants dès le 22 juillet.
Lors d'une conférence de presse, l’agent du FBI Kevin Rojek a jugé "surprenant" le nombre de coups de feu tirés par l’agresseur, rapporte Reuters. Il aurait réussi à tirer jusqu'à cinq ou six fois avant d'être abattu.
Des moyens supplémentaires pourtant alloués
Le Secret service a toutefois démenti dimanche avoir refusé des moyens supplémentaires pour assurer la sécurité de Donald Trump.
"Il circule une affirmation fausse selon laquelle un membre de l'équipe de l'ex-président avait demandé des moyens supplémentaires de sécurité et que ceux-ci avaient été refusés. C'est absolument faux. En réalité, nous avons ajouté des ressources, des technologies et moyens de protection dans le cadre du rythme accru des déplacements de campagne", a assuré sur X Anthony Guglielmi, le porte-parole du Secret service.
Des moyens supplémentaires qui n'ont toutefois pas permis d'empêcher un homme équipé d'un fusil d'assaut de se rapprocher de Donald Trump et de tirer dans sa direction.