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Tensions sur le paiement des salaires des fonctionnaires à Gaza

A Gaza-ville. Les tensions croissantes entre les rivaux palestiniens du Fatah et du Hamas autour des salaires impayés de certains fonctionnaires de la bande de Gaza risquent d'entraîner une reprise des violences, avertissent des responsables européens. /Photo d'archives/REUTERS/Ahmed Jadallah

par Nidal al-Mughrabi et Luke Baker GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Les tensions croissantes entre les rivaux palestiniens du Fatah et du Hamas autour des salaires impayés de certains fonctionnaires de la bande de Gaza risquent d'entraîner une reprise des violences, avertissent des responsables européens. L'accord de cessez-le-feu conclu par Israël et le Hamas le mois dernier prévoyait que l'Autorité palestinienne, dont le président, Mahmoud Abbas, appartient au Fatah, reprenne la gestion de l'administration civile de la bande de Gaza, contrôlée par le Hamas depuis 2007. Dans l'esprit du mouvement islamiste, cela signifiait que ses 40.000 employés, qui n'ont pas touché leur salaire depuis des mois, allaient désormais être payés par l'Autorité, laquelle entretient déjà 90.000 fonctionnaires en Cisjordanie et 70.000 à Gaza, tous liés au Fatah. Mais l'Autorité, qui consacre 1,55 milliard d'euros par an à ce poste de dépense, ne peut pas assumer le coût de salaires supplémentaires, évalué à 325 millions d'euros, d'autant que les donateurs internationaux qui alimentent son budget, Union européenne (UE) en tête, lui réclament un audit et des réductions d'effectifs. Le Fatah ne souhaite de surcroît pas faire de cadeau au Hamas tant que celui-ci continue de diriger ce que Mahmoud Abbas qualifie de "gouvernement fantôme" à Gaza et qu'il ne se conforme pas à l'accord sur la formation d'un gouvernement d'union nationale signé en avril. "Si le Hamas n'accepte pas qu'il y ait un Etat palestinien avec un seul gouvernement, une seule loi et une seule force, alors il n'y aura pas de partenariat entre nous", a prévenu Mahmoud Abbas la semaine dernière. LE QATAR À LA RESCOUSSE ? Pour apaiser ses fonctionnaires, de plus en plus mécontents de ne pas toucher leurs salaires alors que leurs collègues du Fatah à Gaza sont payés pour rester chez eux depuis des années, le Hamas a annoncé qu'il allait leur verser jeudi une contribution comprise entre 210 et 960 euros. Mais le temps presse pour trouver une solution pérenne, l'accord de cessez-le-feu signé le 26 août au Caire n'ayant accordé qu'un mois aux belligérants pour faire avancer le processus de paix. "Le risque de reprise des violences est réel si les tensions sur les salaires ne trouvent pas une issue le plus rapidement possible", prévient John Gatt-Rutler, le représentant de l'UE dans les Territoires palestiniens. Un autre responsable européen, qui participe aux discussions avec l'Autorité palestinienne, estime qu'il faudra peut-être attendre la conférence internationale des donateurs prévue le 12 octobre au Caire pour débloquer la situation. En attendant, Robert Serry, représentant du secrétaire général des Nations auprès de l'Autorité, fait la navette entre Gaza et Ramallah pour tenter de trouver une solution. Une hypothèse serait que le Qatar, un parrain du Hamas, verse, comme il l'a proposé, des indemnités - pas des salaires stricto sensu - aux employés gazaouis, le temps qu'un accord durable soit conclu. Mais cette solution ne satisfait pas le Hamas ni ses employés, qui voudraient émarger au budget de l'Autorité palestinienne pour être reconnus officiellement en tant que fonctionnaires. En outre, les restrictions imposées aux transferts bancaires au bénéfice du Hamas, placé sur la liste des organisations terroristes de l'UE et des Etats-Unis, ne permettraient pas à Doha de virer cette somme, ce qui imposerait de transporter de l'argent liquide dans l'enclave palestinienne, avec toutes les complications que cela implique. (Tangi Salaün pour le service français)