Tensions Paris-Rome: le gouvernement en opération déminage après les propos de Darmanin sur Meloni

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Calmer les tensions avec le voisin, tout en cognant sur le Rassemblement national. C'est l'exercice auquel se sont livrés plusieurs ministres, après que Gérald Darmanin a déclenché une crise diplomatique avec l'Italie en estimant sur RMC ce jeudi que sa Première ministre d'extrême droite, Giorgia Meloni, est "incapable de régler les problèmes migratoires". Dans la foulée, le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a annulé sa première visite à Paris, prévue le soir même.

"Il n'y a aucune volonté d'ostraciser l'Italie, d'aucune manière que ce soit", a cherché à déminer Olivier Véran sur CNews ce vendredi, évoquant une "relation de fraternité" avec ce pays qui "est notre deuxième partenaire économique".

"Cet incident sera très vite oublié"

Un discours d'apaisement en droite ligne de celui de Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Après la polémique, cette dernière avait tenté d'arrondir les angles, soulignant un "respect mutuel" entre l'Italie et la France, tout en indiquant son souhait de "pouvoir accueillir prochainement" son homologue.

L'exécutif souhaite désormais regarder vers l'avant. "Cet incident sera très vite oublié", veulent croire plusieurs membres du gouvernement à l'image de Gabriel Attal ou Éric Dupond-Moretti. Les deux mettent en avant la nécessité d'une réponse commune sur "la question migratoire".

"La France a trop besoin de l'Italie et l'Italie a trop besoin de la France sur tous les sujets, et singulièrement sur la question de l'immigration", a avancé le premier au micro de BFMTV-RMC.

Notant qu'"il y a eu beaucoup plus d'arrivées aux portes de l'Italie" depuis le début 2023 que "les années précédentes", Gabriel Attal y voit un "enjeu majeur qu'il faut régler au niveau européen".

"La France ne [le] réglera pas sans l'Italie, l'Italie ne [le] règlera pas sans la France", dit le ministre délégué aux Comptes publics pour mieux réaffirmer son appel à l'unité.

"Solutions miracles"

En creux, l'exécutif défend également une réponse adressée à l'extrême droite, après un tacle de Jordan Bardella. Le président du Rassemblement national (RN) a jugé ce mercredi que le gouvernement a "pulvérisé tous les records d'immigrations", lors d'un déplacement à Manton, près de la frontière italienne.

Avant d'évoquer la Première ministre italienne, Gérald Darmanin avait été interrogé sur ces propos. "Naturellement comme monsieur Bardella a pour madame Meloni les yeux de Chimène, eh bien Gérald Darmanin lui dit un certain nombre de choses", a justifié Éric Dupond-Moretti sur BFMTV.

L'hôte de la place Beauvau "a voulu dire qu'un certain nombre de responsables politique, notamment à l'extrême droite, avancent des solutions miracles, des baguettes magiques qui régleraient tous les problèmes en quelques mois", selon Gabriel Attal. "En réalité on voit que c'est beaucoup plus compliqué que ça".

Si "nous sommes au quotidien un partenaire de l'Italie [...] il faut rappeler ce qu'est la position de l’extrême droite en Europe sur le sujet migratoire: ne pas travailler ensemble, ne pas régler les problèmes", a déclaré en ce sens le ministre des Transports Clément Beaune sur Europe 1.

Article original publié sur BFMTV.com