Les tensions se multiplient entre Wagner et l'état-major russe

© Alexey Druzhinin

C'est un épisode inédit dans l'escalade des tensions entre l'état-major russe et le groupe paramilitaire Wagner. La bataille de Bakhmout en Ukraine, où les forces russes et les mercenaires dirigés par l'homme d'affaires Evguéni Prigojine reprennent du terrain au prix de lourdes pertes, a mis en exergue les différends entre les deux entités, pourtant supposées être alliées sur le papier. Dans un enregistrement sonore diffusé par son service de presse, « l'ex-cuisinier de Poutine » a ainsi déclaré : « Si chaque Russe (...) disait simplement " donnez des obus à Wagner " (...) alors ce serait déjà important ». Une demande inédite, dans un pays où la critique de l'armée russe est passible de 15 ans de prison.

Evguéni Prigojine, patron de cette armée sans existence légale, n'en est pas à sa première saillie envers le haut commandement russe. Il y a une semaine, il avait accusé « la bureaucratie monstrueuse » de Moscou de ralentir les avancées militaires à Bakhmout. Quelques mois plus tôt, il reprochait à l'armée russe de chercher à « voler » des victoires à Wagner. Sur fond de concurrence en Ukraine avec l'armée régulière du régime autocratique, Prigojine a ainsi affirmé avec virulence que « des obus, il y en a. Mais il faut que des politicards, des salauds, des ordures apposent leur signature » pour garantir leur livraison.

La veille, il avait accusé le chef d'état-major Valéri Guerassimov et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, deux des principales figures du pouvoir d...


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