Tensions entre le Kosovo et la Serbie sur fond de plaques d'immatriculation

Deux bureaux d'immatriculation de véhicules du gouvernement kosovar ont été attaqués et endommagés tôt samedi dans le nord du territoire, a indiqué le Premier ministre Albin Kurti, en accusant la Serbie de vouloir "provoquer un conflit".

Ces attaques interviennent au sixième jour des manifestations des Serbes, majoritaires dans le nord du Kosovo, pour protester contre la décision de Pristina d'interdire l'entrée sur le territoire des voitures munies de plaques d'immatriculation serbes.

Un bureau d'immatriculation a été incendié dans la petite ville de Zubin Potok et un autre a été démoli à Zvecan, sans faire de victimes, a dit le Premier ministre.

Les assaillants ont lancé deux grenades à main sur le bureau à Zvecan mais elles n'ont pas explosé, selon la même source.

La zone frontalière entre le Kosovo et la Serbie a été survolée vers midi deux fois par des avions de chasse de l'armée serbe, a rapporté une correspondante de l'AFP.

Des hélicoptères de l'armée serbe avaient aussi plusieurs fois survolé vendredi deux postes-frontières bloqués par les manifestants. Des survols d'hélicoptères de la KFOR, la force de l'Otan déployée au Kosovo, sont réguliers depuis le début de la semaine.

"Des individus et des groupes, dont les activités mettent en péril l'Etat de droit et l'ordre public, s'attaquent à notre Etat et troublent la paix"

Albin Kurti
Chef du gouvernement kosovar

"La Serbie les encourage et les soutient clairement (...) La Serbie abuse des citoyens du Kosovo pour provoquer un sérieux conflit international", a accusé Albin Kurti, sur son compte Facebook..

"Mesure de réciprocité"

Ancienne province serbe, le Kosovo a proclamé en 2008 son indépendance mais elle n'a pas été reconnue par Belgrade qui encourage les Serbes vivant au Kosovo - majoritairement albanais, sauf dans le nord -, à ne pas reconnaître l'autorité de Pristina.

Le gouvernement kosovar a déployé lundi les forces spéciales de la police près de deux postes-frontières avec la Serbie, dans le nord, pour faire appliquer sa décision, qui est, selon Pristina, une "mesure de réciprocité".

Les autorités de Pristina imposent désormais aux véhicules immatriculés en Serbie d'enlever les plaques minéralogiques serbes et d'apposer des plaques temporaires pour circuler au Kosovo.

Mais des centaines de serbes ont bloqué avec des poids lourds le trafic sur les routes menant vers les deux passages frontaliers. Ils réclament l'annulation de cette mesure.

Pristina a justifié sa décision par le refus depuis des années de la Serbie de laisser entrer les véhicules immatriculés République du Kosovo (RKS), alors que jusqu'ici les voitures serbes entraient et circulaient librement dans le Kosovo.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont appelé à la désescalade des tensions et au retour des deux parties au dialogue sur la normalisation de leurs relations, mené depuis une dizaine années sous la houlette de Bruxelles.

Le président serbe conditionne la reprise de ce processus par le retrait des forces spéciales kosovares du nord du Kosovo.