Tensions entre la France et la Turquie: quelles sont les différentes étapes d'une escalade diplomatique?

Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan (G) et français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse conjointe à l'Elysée, le 5 janvier 2018 à Paris  - LUDOVIC MARIN © 2019 AFP
Les présidents turc Recep Tayyip Erdogan (G) et français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse conjointe à l'Elysée, le 5 janvier 2018 à Paris - LUDOVIC MARIN © 2019 AFP

Rien ne va plus entre la France et la Turquie. Depuis maintenant plusieurs jours, les relations diplomatiques entre les deux pays ne cessent de se dégrader, depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué la "santé mentale" d'Emmanuel Macron à la suite de son discours de mercredi dernier à la Sorbonne, lors de l'hommage national à Samuel Paty.

L'Elysée avait alors dénoncé des propos "inacceptables" et avait, dans la foulée, rappelé l'ambassadeur de France en Turquie. Ce lundi, Erdogan en a rajouté une couche et a appelé les Turcs à boycotter les produits français.

· Convocation de l'ambassadeur

Cette escalade diplomatique comporte en réalité cinq échelons, le premier étant une convocation de l'ambassadeur du pays en question par le ministère des affaires étrangères du pays accueillant afin d'entendre les revendications de ce dernier.

Cela avait été le cas en avril dernier, lorsque Jean-Yves Le Drian avait convoqué l'ambassadeur de Chine en France pour lui faire part de sa "désapprobation" vis-à-vis de "certains propos récents" critiquant la réponse occidentale à la pandémie de nouveau coronavirus.

"J'ai fait connaître clairement ma désapprobation de certains propos récents à l'ambassadeur de la République populaire de Chine en France, lors de sa convocation au ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, ce mardi 14 avril au matin", avait expliqué le ministre après l'entretien.

· Rappel de l'ambassadeur

Actuellement, France et Turquie se trouvent au deuxième niveau, celui du rappel de l'ambassadeur "pour consultation" afin de signifier son désaccord avec le pays d'accueil.

Cette situation n'est pas si rare. En 2018, en pleine crise des gilets jaunes, le vice-président du Conseil italien, Luigi di Maio, se rend en région parisienne afin d'apporter son soutient aux gilets jaunes. Pour marquer sa désapprobation, la France avait ainsi rappelé son ambassadeur à Rome.

· Expulsion d'une partie du personnel de l'ambassade

Le troisième échelon est une avancée supplémentaire dans les tensions diplomatiques. Il consiste en l'expulsion d'une partie de l'ambassade du pays concerné. En principe, cette action est suivie d'une réplique du second pays, qui rappelle également à son tour des diplomates du pays d'accueil.

En 2018 toujours, à la suite de l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergeï Skripal, plusieurs pays occidentaux dont la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis avaient annoncé l'expulsion de diplomates russes de leur territoire.

"Nous avons notifié aujourd'hui aux autorités russes notre décision d'expulser du territoire français quatre personnels russes sous statut diplomatique, dans un délai d'une semaine", avait signifié Jean-Yves Le Drian.

· Fermeture de l'ambassade

La quatrième action consiste en la fermeture de l'ambassade par le pays d'envoi. L'un des exemples les plus fameux reste celui de 1979, alors que les tensions entre les États-Unis et l'Iran sont au plus haut.

Quelques semaines après la prise d'otages du personnel diplomatique dans l'ambassade américaine de Téhéran, les États-Unis ont finalement pris la décision de fermer leur représentation dans le pays à la suite de la Révolution islamique. Depuis, elle n'a jamais été rouverte.

· Rupture des relations diplomatiques

Finalement, la dernière étape reste la rupture bilatérale des relations diplomatiques entre les deux pays. Dans un passé proche, le président vénézuélien Nicolas Maduro avait annoncé cette rupture avec son voisin colombien. La fermeture des frontières avait également été annoncée.

Article original publié sur BFMTV.com