Tension diplomatique entre la Serbie et l'Albanie sur le Kosovo

BELGRADE (Reuters) - Présentée comme l'ouverture d'un nouveau chapitre de l'histoire des Balkans, la première visite d'un dirigeant albanais en Serbie depuis 68 ans a donné lieu lundi à une querelle télévisée sur l'indépendance du Kosovo entre les chefs de gouvernement des deux pays. Belgrade considère le Kosovo comme le berceau de la nation serbe alors que la majorité des 1,8 million d'habitants de la région, qui a déclaré son indépendance en 2008, sont d'origine albanaise. "Nous avons deux positions totalement différentes sur le Kosovo mais la réalité est unique et immuable", a déclaré le Premier ministre albanais, Edi Rama, lors d'une conférence de presse avec son homologue serbe, Aleksandar Vucic. "Le Kosovo indépendant est une réalité régionale et européenne indéniable et il doit être respecté." Visiblement irrité, Aleksandar Vucic a déclaré qu'il ne s'attendait pas à une telle "provocation". "Conformément à la Constitution, le Kosovo fait partie de la Serbie et je me dois de dire que personne ne peut humilier la Serbie", a-t-il dit. A son tour, Edi Rama a répliqué: "Je suis désolé mais c'est la réalité que beaucoup reconnaissent. Plus vite vous la reconnaîtrez, plus vite nous pourrons progresser." Initialement prévue le 22 octobre, la visite officielle d'Edi Rama avait déjà été retardée après les incidents survenus lors d'un match de football opposant les équipes nationales serbe et albanaise à Belgrade. Un drone portant un drapeau de la "grande Albanie" avait survolé le stade, déclenchant une bagarre entre joueurs et l'invasion du terrain par les supporters serbes. (Aleksandar Vucic avec Benet Koleka à Tirana, Henri-Pierre André et Marc Angrand pour le service français)