Tempête Ciaran, Domingos : ces agriculteurs épuisés par les événements météo à répétition

« Plusieurs centaines d’agriculteurs sont touchés dans l’ouest de la France », a évalué ce dimanche 5 novembre le ministère de l’Agriculture, comme ici à Plougastel (Finistère) lors de la visite d’Emmanuel Macron, vendredi 3 novembre, après le passage de la tempête Ciaran.
YOAN VALAT / AFP « Plusieurs centaines d’agriculteurs sont touchés dans l’ouest de la France », a évalué ce dimanche 5 novembre le ministère de l’Agriculture, comme ici à Plougastel (Finistère) lors de la visite d’Emmanuel Macron, vendredi 3 novembre, après le passage de la tempête Ciaran.

ENVIRONNEMENT - Serres arrachées, courant coupé, arbres tombés… Depuis le passage de la tempête Ciaran dans la nuit de mercredi à jeudi, les témoignages d’agriculteurs dépités se multiplient dans la presse locale. « Plusieurs centaines d’agriculteurs sont touchés dans l’ouest de la France », a évalué ce dimanche 5 novembre le ministère de l’Agriculture auprès l’AFP.

Comment la météo d’octobre et les records de chaleur en septembre affectent les cultures

Et si Emmanuel Macron a promis d’activer le régime de « calamité agricole pour ceux qui y ont droit » et de « mettre à contribution » les assureurs, les dégâts sont très importants et certains professionnels craignent des semaines, voire des mois d’efforts pour s’en remettre.

La tempête Ciaran a frappé de plein fouet la Bretagne, première région agricole française, où la production de légumes occupe une place importante. En de nombreux endroits, les serres des maraîchers n’ont pas tenu face aux vents records qui ont balayé la région dans la nuit de mercredi à jeudi.

« J’avais pourtant tout fait pour éviter le pire mais huit heures de Ciaran et ses rafales à plus de 120 km auront eu raison de ma serre », rapporte ainsi sur X (ex-Twitter) un paysan d’Ille-et-Vilaine, photos à l’appui. Si la serre de ce cultivateur est complètement détruite, d’autres ont vu leurs bâches déchirées ou leur structure pliée par le vent.

Le ministère de l’Agriculture fait notamment état de « dommages par endroits importants dans le secteur du maraîchage et de l’horticulture sur les serres, les cultures de certains légumes de plein champ comme les choux-fleurs ou les poireaux ».

« Une partie des légumes primeurs, qu’on apprécie au printemps ne seront pas là », anticipe Jonathan Chabert, maraîcher bio dans les Côtes-d’Armor. Les conséquences sont immédiates, mais l’impact va encore se faire sentir « sur six mois, un an, un an et demi », ajoute-t-il auprès de l’AFP, le temps de déblayer, « de recevoir les nouvelles serres, de les monter ».

« On enchaîne les tempêtes, avec beaucoup de pluie, ça ne facilite pas le travail de remise en état », a déploré ce samedi sur franceinfo le secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) Hervé Lapie, avant même que la tempête Domingos ne succède à Ciaran.

Des litres de lait gâchés dans les élevages

Les éleveurs ont également souffert de la tempête, en particulier à cause des coupures d’eau et de courant. « Ce matin plus d’électricité, arbre couché sur la ligne et bien entendu torsion de matrice, donc césarienne à la lampe torche », rapporte sur X (ex-Twitter), un éleveur bovin des Ardennes.

Au-delà des mises bas dans des conditions compliquées, les coupures d’électricité ont surtout posé problème pour la traite des vaches. Dans le Finistère, le retour du courant dans les exploitations a ainsi constitué une priorité. « Retour de l’électricité, la traite des vaches peut reprendre normalement » sur le secteur de Quimperlé, s’est félicitée ce samedi la gendarmerie.

De l’entraide, en attendant les aides du gouvernement

Si la situation se rétablit progressivement, plusieurs exploitations sont encore privées de courant et d’accès à l’eau ce dimanche soir, un réel problème à la fois pour conserver le lait, mais aussi pour abreuver les vaches qui boivent, au bas mot, une cinquantaine de litres par jour, souligne Jean-Michel Hamel, président de la FDSEA de la Manche.

Les agriculteurs s’appuient sur des forages et la solidarité entre voisins pour se fournir en eau mais « certains sont au bout du rouleau », constate l’éleveur, également interrogé par l’AFP. « Couper quelques arbres sur les routes communales, courir après les vaches d’un voisin dont la clôture a été écrasée… Entraide donc ! #Ciaran nous occupe », témoigne sur Twitter Gilles Leviens, éleveur dans l’Eure, en Normandie.

De l’entraide entre éleveurs donc, en attendant de recevoir de l’aide financière. Vendredi soir, le ministère de l’Agriculture a précisé que les services de l’État allaient « enclencher toutes les procédures de reconnaissance en calamités agricoles pour les pertes de fonds, et d’indemnité de solidarité nationale pour les pertes de récolte ».

Les pertes de récolte seront couvertes « y compris pour les agriculteurs non assurés, via l’indemnité de solidarité nationale (ISN) en cas de pertes catastrophiques ». Une solution d’urgence face à un secteur en crise, avec des cultures déjà éprouvées par un été 2023 suffocant.

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