La tempête Boris laisse l’Europe centrale dans un état catastrophique, l’ampleur du phénomène en images et en chiffres
ENVIRONNEMENT - Une catastrophe écologique d’ampleur qui dure. La tempête Boris, qui s’abat sur l’Europe centrale et orientale depuis ce week-end, a déjà fait quinze morts et plusieurs disparus en Roumanie, en Autriche, en Pologne et en République tchèque. Après des précipitations records samedi et dimanche, la pluie reprend de plus belle ce lundi 16 septembre, faisant craindre de nouvelles scènes de désolation.
Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article, les barrages débordent, des centaines de personnes sont évacuées par hélicoptère, certaines villes sont complètement sous les eaux, d’autres encombrées d’arbres déracinés et de pierres répandues par les flots.
Le bilan humain est tout aussi lourd que celui des dégâts matériels. La police tchèque a fait état d’une nouvelle personne décédée ce lundi, « qui s’est noyée dans la rivière Krasovka près de Bruntal (nord-est) ». Deux nouveaux décés ont été recensés en Autriche, des hommes âgés de 70 et 80 ans, et quatre dans les régions sinistrées en Pologne. Ces nouvelles victimes font porter à quinze le nombre de morts tous pays confondus.
Chiffres terrifiants
Outre les images du déluge, quelques chiffres sur la pluviométrie permettent se rendre compte de l’ampleur de cet événement météorologique. « Sur 72 heures, on relève jusqu’à 430 mm au nord de la Tchéquie et 200 mm en Autriche », pointe ainsi que X l’agroclimatologue Serge Zaka, qui s’étonne aussi de « l’étendue de l’épisode pluvieux » : « C’est comme s’il pleuvait 50 à 400 mm [sur une zone allant] de Paris à Marseille en passant par Lyon, Bordeaux et Toulouse. »
Le météorologue Guillaume Jausseau partage, de son côté, d’autres cumuls de pluie impressionnants en 72 heures avec notamment 319 mm tombés à Tulln, à 40 km de Vienne en Autriche, un « record historique battu sur une période de 72 heures ». Le précédent datait de 1967, précise-t-il.
Il continue de lister : 464 mm tombés à Serak en Tchéquie, 382 mm à Sankt Pölten en Autriche, 255 mm à Marktschellenberg en Allemagne, ou encore 188 mm à Bielsko-Biala en Pologne. La tempête a provoqué partout des coupures massives d’électricité, des ruptures du réseau de transport et des évacuations massives d’habitants.
Le changement climatique rend les épisodes plus intenses
Et « ce n’est pas terminé », prévient le météorologue François Jobard sur le même réseau social. Citant l’institut météo allemand DWD, il indique que « 40 à 80 litres d’eau par m² sont encore attendus d’ici mardi matin sur les zones déjà touchées, localement plus de 100 litres d’eau au m² ».
Le phénomène météorologique à l’origine de ces pluies est une goutte froide, une masse d’air frais isolée dans une atmosphère plus chaude. Ce phénomène provoque des précipitations intenses et une chute des températures plus ou moins violente.
Les dégâts sont d’autant plus importants que la dépression est bloquée sur une partie de l’Europe, « car une zone de haute pression située vers la Russie l’empêche de progresser et de s’échapper vers l’Est », précise dans Libération le climatologue Davide Faranda. Il faudra donc attendre quelques jours avant que la situation se calme.
Quant au lien entre la tempête Boris et le changement climatique, il est expliqué par le directeur de recherche au CNRS, Christophe Cassou, sur X : « Le changement climatique diminue la probabilité de former une tempête d’une telle intensité. Mais si elle se forme, le changement climatique en augmente l’impact car la goutte froide contient davantage d’eau potentiellement précipitable ».
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