La tempête Boris inonde l’Europe centrale et orientale, les chiffres du phénomène « spectaculaire »
MÉTÉO - L’Europe centrale et orientale sous l’eau. La tempête Boris s’est abattue sur la Slovaquie, la Roumanie ou encore la Pologne provoquant de très fortes pluies et des inondations massives. Ce dimanche 15 septembre au soir, le dernier bilan s’est alourdi à au moins huit morts et plusieurs personnes sont disparues.
La tempête Boris fait plusieurs morts et dégâts en Roumanie, Pologne et République tchèque
« D’une violence sûrement inédite », un « événement extrême », « exceptionnel », « spectaculaire »... Les scientifiques interrogés par les médias ou sur les réseaux sociaux n’économisent pas les superlatifs pour parler de cette tempête qui frappe une partie du continent.
Quelques chiffres permettent de mieux se rendre compte de l’ampleur de cet événement météorologique. « Sur 72 heures, on relève jusqu’à 430 mm au nord de la Tchéquie et 200+mm en Autriche », pointe ainsi que X l’agrométéorologue Serge Zaka, qui s’étonne aussi de « l’étendu de l’épisode pluvieux » : « C’est comme s’il pleuvait 50 à 400 mm de Paris à Marseille en passant par Lyon, Bordeaux et Toulouse. »
La tempête #Boris se distingue sur :
1) Surface : L'étendue de l'épisode pluvieux #Boris est tout bonnement spectaculaire. C'est comme s'il pleuvait 50 à 400mm de Paris à Marseille en passant par Lyon, Bordeaux et Toulouse (🤯) ! Nan, mais vous imaginez le délire ?
2) Quantité :… pic.twitter.com/f6MJ0j756W— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) September 15, 2024
Des records de pluie battus
Le météorologue Guillaume Jausseau partage de son côté d’autres cumuls de pluie impressionnants en 72 heures avec notamment 319 mm tombés à Tulln, à 40 km de Vienne en Autriche, un « record historique battu sur une période de 72 heures ». Le précédent record datait de 1967, précise-t-il.
Il continue de lister : 464 mm tombés à Serak en Tchéquie, 382 mm à Sankt Pölten en Autriche, 255 mm à Marktschellenberg en Allemagne, ou encore 188 mm à Bielsko-Biala en Pologne. La tempête a provoqué partout des coupures massives d’électricité, des ruptures du réseau de transport et des évacuations massives d’habitants.
❗️ Je ne sais pas si l'on mesure bien l'ampleur des dévastations causées par la tempête #Boris sur une zone grande comme une demie-France en Europe centrale ⤵️
Les nombreuses images et les témoignages en Autriche, République tchèque, Pologne, Roumanie ou encore Slovaquie… pic.twitter.com/nkHKTr2KCx— Nicolas Berrod (@nicolasberrod) September 15, 2024
« Sur les 3 derniers jours, les cumuls de pluie dépassent les 100 mm sur la totalité de la moitié nord de l’Autriche et sur tout l’Est de la Tchéquie (superficie > 100 km²). Localement, le cumul dépasse les 300 mm en basse-Autriche, voire plus de 400 mm sur les massifs du nord de la Moravie (Tchéquie) », renchérit son homologue Guillaume Séchet.
Et « ce n’est pas terminé », prévient le météorologue François Jobard sur le même réseau social. Citant l’institut météo allemand DWD, il indique que « 40 à 80 litres d’eau par m² sont encore attendus d’ici mardi matin sur les zones déjà touchées, localement plus de 100 litres d’eau au m² ».
Le changement climatique rend les épisodes plus intenses
Le phénomène météorologique à l’origine de ces pluies est une goutte froide, une masse d’air frais isolée dans une atmosphère plus chaude. Ce phénomène provoque des précipitations intenses et une chute des températures plus ou moins violente.
Comme l’a expliqué la climatologue Françoise Vimeux à Libération la tempête Boris « n’est en rien unique ». « Ce qui est exceptionnel, c’est le potentiel de pluie énorme qui y est associé, ainsi que la taille de la zone géographique concernée », précise-t-elle.
Les dégâts sont particulièrement importants que la dépression est bloquée sur une partie de l’Europe, « car une zone de haute pression située vers la Russie l’empêche de progresser et de s’échapper vers l’Est », précise, toujours dans Libération, le climatologue Davide Faranda. Il faudra donc attendre quelques jours avant que la situation se calme.
Quant au lien entre Boris et le changement climatique, il est expliqué par le directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou sur X : « Le changement climatique diminue la probabilité de former une tempête d’une telle intensité. Mais si elle se forme, le changement climatique en augmente l’impact car la goutte froide contient davantage d’eau potentiellement précipitable. »
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