Telegram: l’arrestation de son fondateur Pavel Durov est «éminemment politique»
Pavel Durov, fondateur et patron de l'application de messagerie chiffrée Telegram a été mis en examen mercredi 28 août au soir en France. La justice le soupçonne notamment de complicité de délits et de crimes organisés via Telegram (trafic de stupéfiants, pédocriminalité, escroquerie et blanchiment en bande organisée). Mais selon Fabrice Epelboin, enseignant en géopolitique du numérique, la décision de justice est éminemment politique.
RFI : Comment analysez-vous la mise en examen de Pavel Durov ?
Fabrice Epelboin : À mon sens, c’est pour envoyer un signal clair au monde des technologies et préparer le terrain, notamment pour le fameux « chat control », cette réglementation européenne qui ambitionne d’imposer à toutes les messageries chiffrées de donner un accès aux autorités européennes. Cela de façon à pouvoir mettre sur surveillance l’ensemble des citoyens.
Donc, il va falloir préparer les populations. Cela se fait à travers des campagnes médias qui consistent à insister sur la dimension terroriste, pédophile ou Dieu sait quoi qu’on peut trouver sur Telegram, mais on peut la trouver partout ailleurs. Et je vous mets mon billet qu’on la trouvera partout ailleurs dès qu’il s’agira de pointer le doigt vers Twitter ou Snapchat, ou après-demain de Facebook. Tout cela pour imposer une surveillance générale des populations. Parce que très concrètement, les dealers de drogue, les marchands d’armes se déplaceront sur d’autres technologies et continueront leur business.
Pourquoi la justice vise Telegram plutôt qu’un autre réseau social ?