“Si je te survis” de Jonathan Escoffery : une exploration des mille nuances de racisme aux États-Unis

Il n’est pas assez noir, ni assez blanc, et encore moins latino. Dès les premières pages du livre de Jonathan Escoffery, la problématique est posée. Comment naviguer en tant qu’enfant d’origine jamaïcaine dans une société américaine aux prises avec de nombreuses formes de racisme ? En explorant cette recherche identitaire, Si je te survis “offre un regard nouveau et empreint d’ironie sur la construction de soi”, a salué The New Yorker, lors de la sortie américaine de l’ouvrage, en 2022.

Né en 1980 au Texas de parents jamaïcains, Jonathan Escoffery a grandi à Miami. Paru en français aux éditions Albin Michel, le 25 septembre 2024, son premier livre prend la forme d’une collection de nouvelles toutes liées entre elles et largement inspirées de sa vie.

La réalité d’une famille jamaïcaine

Il y narre en ouverture la vie de Trelawny. Seul membre de sa famille jamaïquaine à être né aux États-Unis, l’enfant est aux prises avec les injonctions raciales et sociétales, que ce soit chez lui ou à l’école, dans une ville de Miami à majorité hispanique. Ainsi il “navigue entre plusieurs facettes de son identité, suscite la colère de son père lorsqu’il calque son accent et son style sur ceux des Noirs américains, puis se fait traiter d’intrus et de ricain lors d’un séjour en Jamaïque”, résume The New York Times.

Dans cet entre-deux, l’écrivain pointe à quel point “les gens se méprennent sur la réalité du quotidien d’une famille pauvre ou d’origine jamaïcaine aux États-Unis”, relève le New Yorker, qui apprécie l’“ingéniosité” de sa fiction.

Les huit histoires qui forment le livre “jonglent entre la première, la deuxième et la troisième personne, entre passé, présent et futur. L’un des textes est arrosé de patois jamaïcain, un autre d’expressions typiques de la communauté noire américaine. L’auteur alterne entre humour fanfaron, pirouettes et passages érotiques à vous donner des frissons”, résume le magazine new-yorkais.

Cette virtuosité à naviguer entre les langues, les personnes et les mondes a également impressionné le New York Times. Escoffery invite les lecteurs “à partager la quête intérieure de Trelawny, qui cherche à découvrir qui il est vraiment – si tant est que cela soit possible –, en subissant avec lui la frustration et les micro-agressions du quotidien” ; puis à remonter à la jeunesse de son père et à la décision de celui-ci de quitter la Jamaïque pour les États-Unis, dans une retranscription brillante du créole jamaïcain, relève le quotidien.

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